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Les guerres contre le terrorisme compliquent encore le travail des humanitaires, comme MSF

Les travailleurs humanitaires dénoncent notamment les problèmes subis dans leur travail sur le terrain en Afghanistan, comme ici à Kunduz.

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Par Bruno Schmitz avec Marc Sirlereau

C’est un constat amer que fait une organisation qui est là pour sauver des vies. Selon un rapport qu’elle vient de publier, l’ONG Médecins Sans Frontières affirme que son travail est d’autant plus compliqué qu’il se fait dans des pays où se déroule une guerre contre le terrorisme.

Ce rapport, baptisé "adding salt to the wound" (rajouter du sel sur la plaie, en français), repose sur des recherches menées auprès du personnel de santé de première ligne de MSF. Des travailleurs tous originaires de et qui ont travaillé en Afghanistan, au Nigeria et en Irak.

Sur place, les travailleurs de MSF rendent compte de menaces, d’intimidation et de violences, par exemple pour soigner des civils qui se trouveraient dans des zones aux mains de terroristes. Les forces gouvernementales qui luttent contre ces groupes accusent les humanitaires "d’avoir soutenu le terrorisme, en fournissant des soins en toute impartialité".

"Nous avons eu des blessés et même des morts dans nos équipes", explique la chercheuse. "Nos travailleurs sont considérés par ceux qui mènent des guerres antiterroristes comme faisant partie de leur stratégie militaire. Nous sommes acceptés quand nous sommes utiles, mais rejetés quand on considère que nous ne servons pas leurs intérêts. Cela nous empêche de soigner les patients et va à l’encontre de ce qui représente le fait d’être un humanitaire. C’est inacceptable ".

Sujet JT du 3 mai 2021

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Difficultés d’un côté. Mais aussi de l’autre

Et si les forces gouvernementales s’en prennent aux travailleurs humanitaires, les équipes de MSF souffrent aussi de l’autre côté des conflits. Selon les témoignages recueillis, le fait que les humanitaires semblent partager une certaine proximité avec les états, génère une immense suspicion auprès des groupes d’opposition armés.

Des groupes qui, du coup, ont souvent refusé de s’engager avec MSF ou avec d’autres organisations humanitaires. Et cela, notamment, au détriment des populations civiles dans le besoin dans certaines zones.

MSF lance donc un appel pour que, partout, on respecte "l’exception humanitaire" qui garantit qu’une ONG puisse venir en aide à toute personne dans le besoin, quel que soit le camp où elle se trouve.

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