Coronavirus

Les hôpitaux demandent des réformes : "Notre métier a peu de valeur dès le moment où on n'est pas en crise"

Jean-Christophe Goffard (Erasme) et salle hospitalière à l’hôpital de Libramont (image d’illustration)

© BELGA/RTBF

Par Kevin Dero sur base d'une interview de Thomas Gadisseux

Jean-Christophe Goffard, chef de service de médecine interne à Erasme, était l’invité de Thomas Gadisseux et de François Heureux ce matin, en ce jour de Comité de concertation. Ils sont revenus notamment sur l’épidémie de coronavirus et le répit dont elle fait part pour le moment sur la pression hospitalière, les réformes à mener dans le secteur hospitalier mais aussi la variole du singe, dont le premier cas belge est apparu tout récemment.

Répit

Connaît-on un répit sur le front de l’épidémie de coronavirus ? Pour Jean-Christophe Goffard, officiant à l’hôpital Erasme (région bruxelloise), c’est bien le cas. Mais a-t-il disparu pour autant des services de soins intensifs ? " Il n’a pas tout à fait disparu, il y a encore des cas de covid qui sont présents. Mais clairement, on est dans une situation extrêmement calme. Ça n’est plus compliqué, ça se gère exactement comme une autre infection dans l’hôpital ".

L’épidémie est donc sous contrôle, grâce, selon lui, à la vaccination, aux confinements et à l’émergence d’un variant omicron bien moins dangereux. "On est rassuré. Rassuré pour pas mal de temps" explique le médecin.

Ça se gère exactement comme une autre infection dans l’hôpital

Faudra-t-il une dose de vaccin supplémentaire ?

Du point de vue logistique, selon Jean-François Goffard, il n’y aura pas de problème. "Maintenant, auprès de la population, il faut voir encore si elle est prête à s’engager à nouveau dans un tel processus". Et le chef de service de souligner qu’il faudrait un message clair pour dire "faites votre dose de rappel"

Situation épidémique

La vision sur l’épidémie (toujours en cours) reste cependant "imparfaite". Beaucoup de gens ne se font plus tester. Dans les hôpitaux, où les personnes se font toujours tester systématiquement pour le moment, le médecin constate malgré tout une pression bien moindre du virus.

Les deux ans passés sous covid ont néanmoins entraîné un report de prise en charge d’autres pathologies. Report qui n’est toujours pas résorbé pour l’instant.

"On a un métier fantastique. On est au service des gens, on a le plaisir de soulager les personnes, mais c’est au prix d’efforts constants". Efforts sur le personnel infirmier, les médecins, les kinés… Avec des horaires inconfortables et flexibles ainsi que des salaires pas toujours à la hauteur, ils ont malgré tout réussi à "surnager". Mais l’épuisement guette "Quand on doit courir et accélérer à la fin d’un marathon, c’est compliqué". L’épuisement du personnel grève donc encore la prise en charge des opérations.

On est au service des gens, on a le plaisir de soulager les personnes, mais c’est au prix d’efforts constants

Deux facteurs sont, selon le spécialiste en médecine, à pointer du doigt pour expliquer ce retard dans la prise en charge d’autres soins. Premièrement, un épuisement du personnel après autant de mois à avoir été sur la brèche au prix de nombreuses concessions. Deuxièmement, les membres du personnel malades actuellement du Covid-19.

Réenchanter

Mais ce temps de relatif répit avant une possible reprise de l’épidémie est-il mis suffisamment à profit pour opérer les changements nécessaires dans le secteur hospitalier ? Pour Jean-Christophe Goffard, la réponse est mitigée. Celui-ci lance d’ailleurs un appel : "Il faut profiter de la situation actuelle pour réenchanter le métier", plaide-t-il. "Soignants, administratifs, infirmiers, informaticiens… Tous ces maillons sont nécessaires. C’est un des rares métiers où l’on fait quelque chose de concret". Et ce dernier de déplorer cependant une perte du "rapport visuel, le sourire du patient", qui plomberait un peu le moral des troupes.

C’est un des rares métiers où l’on fait quelque chose de concret

"On doit repenser à tous les niveaux l’organisation de l’hôpital" explique le médecin. "Repenser les métiers de l’hôpital comme ceux d’infirmières et infirmiers" Une prise de conscience a ainsi eu lieu, prise de conscience qui doit faire réagir le monde médical et l’opinion publique. : "Notre métier a un sens et pourtant il a très peu de valeur au moment où on n’est pas dans la crise".

Le personnel hospitalier qui sort en ce moment des universités et hautes écoles souffre également d’un déficit de connaissances sur le terrain. Moins de pathologies diverses et variées à observer, moins d’analyse de pathologie. L’enseignement n’est pas assez valorisé dans le milieu universitaire, pointe-t-il. Le médecin applaudit et encourage néanmoins la réforme politique dans le monde des quotas INAMI (grâce à la formation en petits groupes, en " compagnonnage ", explique-t-il, tout en plaidant pour une réforme complète de l’hôpital à mener.

Variole du singe

Un premier cas de cette maladie a été identifié en Belgique. Le chef de service en médecine interne ne voit aucune raison de paniquer mais se dit néanmoins interpellé.

Il n’y a aucune inquiétude à avoir

Le virus de la variole reste selon lui sous surveillance. Mais la vaccination a été arrêtée dans les années 80. Il n’y a donc pas d’immunité croisée après les gens nés après 1983. " C’est très interpellant, ça mérite d’être surveillé, mais ce n’est pas très inquiétant car c’est beaucoup moins contagieux ". Les symptômes sont de la fièvre avec des frissons, des ganglions, une éruption cutanée style varicelle.

Bien que la variole ait disparu de la surface de la Terre, des stocks de vaccins ont été prévus malgré tout. "Il n’y a aucune inquiétude à avoir. Il y a plein de virus qui circulent depuis toujours, donc rassurez-vous " déclare Jean-Christophe Goffard. .

Archive JT du 8 mai 2020 :

Variole : les leçons d'une autre épidémie

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