Pour vous éviter un claquage en regardant nos athlètes tout donner aux Jeux olympiques, en guise d’échauffement, nous vous proposons quelques films, célèbres ou non, excellents ou non, à (re)voir. Entre le culte du corps, les sacrifices et le dépassement de soi, certains pourraient vous donner des crampes alors que d’autres travailleront vos muscles zygomatiques. Voici donc un petit tour de piste non exhaustif des films sur les JO…

À vos marques. Prêts ? Filmez ! Les Jeux olympiques dits modernes, ceux organisés en Grèce entre le 6 et le 15 mai 1896 ont connu les faveurs du Cinéma. Un cinéma d’actualités dont les caméras, récentes vu que le Cinématographe a été inventé l’année précédente en 1895, ont capté la moindre performance, offrant au public d’aujourd’hui un document incroyable sur les pratiques sportives de l’époque. Sur ces images, d’abord, on croise une délégation de George. Il y a George Ier, le roi de Grèce, pays hôte, mais aussi le futur roi d’Angleterre (alors prince) Edward VII avec son épouse Alexandra du Danemark (la sœur de George de Greece, vous suivez) et leur fils (lui aussi futur roi anglais) George V. Côté sportif, on découvre que les épreuves de gymnastiques sont organisées en extérieur. Le saut en hauteur se pratique sans élan et quasi face à la barre. Dick Fosbury (sportif qui donna son nom à la manière si particulière de sauter l’obstacle après une course intense) n’était pas encore né, bien entendu (lui, c’est en 1946). Quant aux haltères, oui, ils se portent aussi avec les pieds alors que l’athlète, lui, est couché sur le dos.

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Aux JO de Londres, ceux de 1908, toujours sur ces images d’actualités, on découvre que le tir à la corde est une discipline olympique. En fait, ce jeu (aux origines basques) est pratiqué dans la version moderne des JO entre 1900 et 1920. Juste comme ça encore, en 1920, lors des Jeux organisés chez nous à Anvers, la Belgique a décroché une très belle médaille de bronze au tir à la corde. Les Pays-Bas (argent) et le Royaume-Uni (or) complétant le podium.

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Outre ces actualités, il a fallu attendre les années 30 pour que du côté de l’organisation des Jeux olympiques, on pense réellement à réaliser un documentaire sur l’esprit des JO. En attendant, le premier film documentaire sur les Jeux est surtout une récupération politique de la part des Nazis avec "Les dieux du stade" (ou "Olympia" en version allemande) de la réalisatrice Leni Riefenstahl sorti en 1938. Tourné pendant les jeux de Berlin organisés en 1936, ce documentaire célèbre le corps, la performance et la race aryenne. Alors oui, il évoque également les exploits de l’athlète afro-américain Jesse Owens (4 médailles d’or cet été-là) mais l’homme est aussi présenté subtilement comme l’ennemi de l’Allemagne. Pourtant dans ses mémoires publiées en français en 1997, la réalisatrice se défendait d’avoir tourné un film de propagande : "J’ai tourné Olympia comme une célébration de tous les athlètes et un rejet de la théorie de la supériorité de la race aryenne."

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En attendant "Olympia" a quand même reçu une médaille d’or du Comité International Olympique en 1938 et un diplôme olympique en 1948 au Festival de Lausanne. Sans oublier, la Coupe Mussolini décernée lors du Festival de Venise en 1939. Cette année-là d’ailleurs, le CIO se décida pour enfin réaliser un documentaire digne de ce nom sur les Jeux. La Seconde Guerre mondiale avorta ce projet. Malgré tout en 1948, pour les JO de Londres, vous avez le premier film officiel des Jeux intitulé "The glory of sport". Plus tard encore, d’autres films seront conçus comme celui du français René Lucot "Rendez-vous à Melbourne" (1956), celui de Romolo Marcellini "La grande Olympiade" (1960 sur les JO de Rome) ou celui de Kon Ichikawa "Tokyo Olympiades". Présenté au Festival de Cannes en 1965, on y découvre les coulisses des Jeux de Tokyo en 1964. Visuellement impressionnant, ce film s’attarde surtout sur des détails comme l’attitude de certains athlètes et spectateurs.

Mais s’il ne fallait en retenir qu’un se serait certainement "Freedom’s Fury" de Colin Keith Gray et Megan Raney, sorti en 2006. Ce documentaire nous replonge au propre comme au figuré en pleine demi-finale de waterpolo aux Jeux Olympiques de Melbourne en 1956. Dans l’eau, la Hongrie affronte l’URSS. Une demi-finale qui va tourner à la bataille rangée tant les coups échangés seront nombreux. D’ailleurs on avait qualifié ce match de "bain de sang de Melbourne". La raison de cette guerre froide et humide : la tension entre les gouvernements hongrois et soviétique. Libérée des Nazis par les Russes, la Hongrie était à l’époque tout aussi insatisfaite du régime soviétique imposé par la force. Une force et une opposition révélées aux poings et non aux points dans ce match olympique !

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Et la fiction dans tout cela ? Tous les genres vont connaître leur film olympique. Pour le genre film historique vous avez l’incontournable "Charriots de feu" de Hugh Hudson sorti en 1981 avec la musique de Vangelis et ces athlètes anglais qui courent au ralenti sur une plage so british. Quant au film "La couleur de la victoire" ("Race" en VO) de Stephen Hopkins, sorti en 2016, il évoque le parcours de Jesse Owens et ses 4 magnifiques épreuves gagnées au nez et à la moustache d’Hitler en 1936, soit le 100 m, le 200 m, le 4x100 m et le saut en longueur.

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Dans la catégorie dessins animés, Walt Disney nous a proposé pas mal de création comme "Barnyards olympics" en 1932 avec Mickey Mouse, "Dingo champion olympique" en 1942 ou "Dingo et Donald champions olympiques" en 1992.

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Pour les thrillers, vous avez entre autres "Munich" de Steven Spielberg (2005) sur cette prise d’otages et le massacre d’athlètes israéliens par le groupe terroriste Septembre noir des Jeux olympiques d’été de 1972 à Munich. Pour les drames, je ne peux que vous conseiller "Le vainqueur" ("Running" en VO) de Steven Hilliard Stern (1979) avec un excellent Michael Douglas. Diminué par un manque de confiance en lui, Michael Andropolis (Douglas donc) gâche une première sélection aux prochains JO. Rajoutez à cela un divorce imminent et vous comprenez pourquoi notre héros n’a pas réellement la tête à la course. Pourtant, il va remonter la pente et préparer mieux que personne les JO de Montréal. Je vous le disais la performance (tant physique que psychologique) de Michael reste étonnante.

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Last but not least, dans le genre comédie, ce ne sont pas les films qui manquent. Oublions "Astérix aux Jeux olympiques" malgré les présences de notre Benoit Poelvoorde national et d’un Alain Delon parfait en César mais retenons plutôt "L’as des as" de Gérard Oury avec Jean-Paul Belmondo (1982). Oui, Bebel qui porte la flamme olympique en caleçon en ouverture des JO de Berlin, ça, c’est un joli pied de nez rigolo aux "Dieux du stade" de Riefenstahl. Et puis le dernier film de cette liste n’est peut-être pas le meilleur (quoique) mais en guise de madeleine de Proust (ou de Prost s’il avait été champion olympique plutôt que pilote de Formule 1), il fait le job. Pour terminer donc, vous avez l’inégalable, le délirant et terriblement potache "Fous du stade" de Claude Zidi (1972) avec Les Charlots, magnifiques athlètes du grand n’importe quoi, entre Beaujolais, baguette et pâté campagnard.

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