Thibaut Courtois, le portier des Diables Rouges, s'est montré très critique envers les instances du football européen (UEFA) et mondial (FIFA) après la défaite 2-1 contre l'Italie lors du match pour la 3e place de la Ligue des Nations dimanche.
"Nous avons joué ce match car pour l’UEFA, c’est de l’argent supplémentaire. Nous jouons trop de matches. L’année prochaine, nous avons une Coupe du monde en novembre et nous devons à nouveau jouer jusqu’à la fin du mois de juin. Nous allons nous blesser ! Plus personne ne se soucie des joueurs", a regretté le portier belge.
"Thibaut essaie d’amener sa pierre à l’édifice. Il ne parle pas au nom des autres joueurs, moi non plus. Chacun a sa propre perception d’un championnat trop lourd. On est content que les joueurs s’expriment et qu’ils ne disent pas simplement ‘oui’. On dit que les joueurs de football ont la belle vie. Demandez à quelques-uns : physiquement, c’est très lourd. Ils ont une carrière très courte avec énormément de matches, énormément de kilomètres dans les jambes (en avion, en bus, en voiture et sur le terrain). Les décideurs à la FIFA et à l’UEFA sont dans leur tour d’ivoire avec beaucoup d’argent qui tourne autour d’eux. Les joueurs ne sont que des numéros, des numéros qui rapportent de l’argent. La fatigue est physique, mais aussi mentale", indique de son côté Sébastien Stassin, responsable de la cellule football au syndicat sportif United athletes (ex-Sporta).
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Le modèle du football a évolué, entrainant de son sillage une véritable surcharge physique. "Le foot est devenu un sport spectacle, le téléspectateur est content d’avoir un match tous les trois ou quatre jours et ce sont les TV qui remplissent les caisses des clubs de foot et des fédérations. C’est un jeu d’équilibre entre le physiologique - ce n’est pas idéal - et le financier. Jouer un match ou deux par semaine, ce n’est pas terrible ? Je vous invite à le faire. A l’époque, il y avait des périodes où on avait deux matches par semaine. Maintenant, c’est tout le temps. C’est exténuant car c’est un sport pratiqué en chaine fermée. Le ballon roule sur le sol. Un sport où le ballon circule en l’air, comme le basket, est moins énergivore. Les contacts sont beaucoup plus intenses et agressifs qu’un contact épaule contre épaule. La moyenne de distance parcourue pendant un match de foot se situe entre 10 et 14 kilomètres par match, un gardien court lui entre 4 et 7 kilomètres. Plus le niveau du match augmente, plus l’intensité dans les changements de rythme augmentent également. On ne reviendra pas en arrière, je suis persuadé qu’on va jouer de plus en plus de matches. Le modèle du tiroir-caisse va continuer d'avancer dans le foot. Il existe deux solutions : avoir un encadrement plus large à travers un staff élargi et avoir aussi un effectif plus large afin de faire tourner si le club a des fréquences de matches importantes. Je ne suis pas sûr qu’on pousse les joueurs trop loin physiquement. A nous de nous adapter en tant que préparateur physique", glisse pour sa part Frédéric Renotte, préparateur physique au Sporting de Charleroi.
"La situation a déjà été déposée sur la table de l’UEFA et de la FIFA : il y a trop de matches pour les tous grands joueurs. Il ne faut pas oublier que la vie de famille est importante pour les joueurs également. Tous les métiers ont des avantages et des inconvénients. Quand les Diables Rouges gagnent, c’est magnifique. Quand ils perdent, ce sont des enfants gâtés. Recentrons les choses : ce sont des professionnels, ils font très bien leur boulot, ils gagnent bien leur vie, mais leur carrière est terminée à 35 ans, sans tenir compte du fait que les blessures peuvent y mettre fin encore plus tôt", ajoute Sébastien Stassin.
De plus en plus de matches et de moins en moins de périodes de récupération. Précisons que les joueurs de football les mieux rémunérés gagnent en un an largement ce qu’un employé lambda empochera durant… toute sa carrière professionnelle. Le calendrier explose, les salaires font de même. L’UEFA et la FIFA ont du pain sur la planche afin de trouver une solution raisonnable dans ce milieu qui ne l’est pas.