Economie

Les librairies belges menacées par l’inflation : "Les éditeurs belges sont soumis aux éditeurs français qui augmentent à peine le prix de vente"

Le marché matinal

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Le prix du papier et de l’encre a augmenté et pourtant, dans les librairies, les prix sont sensiblement les mêmes : 5% d’augmentation générale pour les livres, et certains n’ont pas augmenté du tout. Bonne nouvelle pour les consommateurs mais du côté des libraires, difficile de s’y retrouver.

Prenons un exemple. Un roman qui paraît pour la première fois et qu’on achetait autour de 20 € il y a deux ou trois ans coûte toujours aujourd’hui 20 € ou 21 €. Il n’y a donc quasiment pas d’augmentation. Alors que, d’après Benoît Dubois, le directeur de l’Association des éditeurs de livres belges, ce roman devrait coûter 23 €, voire 24 € si les éditeurs appliquaient tout simplement l’inflation connue en Belgique. Pourquoi n’est-ce pas le cas ? Pour comprendre, il faut regarder vers la France.

Les prix fixés en France

"Dans une librairie, quand on y entre, pratiquement 90% des livres qui sont en vente sont des livres qui sont importés de France. Et par conséquent, la politique de prix est celle qui est pratiquée à Paris. Or, nous avons un différentiel d’inflation qui est gigantesque entre l’Hexagone et la Belgique, on parle de 6 à 12% d’inflation, 12% chez nous, 6% en France", explique Benoît Dubois. Difficile donc pour un éditeur de sortir un livre belge trois ou quatre euros plus cher qu’un livre français équivalent. La Belgique se fixe sur le prix du marché.

La difficulté est la même pour les distributeurs et les libraires. C’est l’éditeur, souvent français, qui fixe le prix de vente final et donc la marge des distributeurs ou des librairies. Impossible pour eux de changer le prix et donc de choisir leur marge. A cette difficulté vient s’ajouter une érosion des ventes. "Les distributeurs et les libraires ne peuvent pas répercuter au niveau de leur prix de vente, et c’est même encore plus grave puisqu’ils ont actuellement une érosion de leurs ventes. Tandis que les éditeurs (belges) vont subir la situation en n’osant pas augmenter leur prix à la valeur réelle de l’inflation, puisqu’ils sont soumis, d’un point de vue concurrence, à des éditeurs français qui augmentent à peine le prix de vente de leurs productions", regrette le directeur de l’Association des éditeurs de livres belges.

Des marges presque nulles

Résultat ? Toute la filière belge du livre s’appauvrit. Elle vend des livres 5% plus cher alors que les coûts ont augmenté de 10%. Pour Benoît Dubois, certaines librairies vont même avoir du mal à suivre. "J’ai fait une projection très rapide", poursuit-il. "Une librairie qui faisait 2% de marge en 2019 va se retrouver, mathématiquement, mécaniquement, à 0,5% en 2023. Donc, s’il n’y a pas de réserves qui ont été constituées et surtout si l’érosion des ventes se poursuit, il risque d’y avoir de très gros soucis au niveau des librairies." En effet, la hausse des ventes observée pendant les confinements est derrière nous. Depuis l’été 2021, on vend moins de livres et surtout moins de livres en librairie. Leurs ventes ont baissé de 10% par rapport au confinement.

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