Vous le savez, le lisez, l’entendez : un peu partout on parle des mauvais managers, pervers narcissiques, archétypes de la médiocratie. Des chefs avides de pouvoir, incompétents (sauf pour s’en mettre plein les poches). Des mecs (70%), trop souvent des mecs (d’ailleurs) qui seraient : profiteurs, manipulateurs ou abuseurs.
A en croire le langage commun, non content d’avoir tous les défauts, les managers seraient également à l’origine tous les problèmes :
- Le malheur au travail, c’est eux !
- Les burn out, eux.
- Les bore out aussi…
- Le manque de consigne c’est eux, l'absence de consigne aussi.
- La DSI qui interdit le streaming…
- La fin toute pourrie de Star Wars et plus de lait dans le frigo, encore eux !
Pas de fumée sans feu?
Nethys, Nissan, et des milliers de petits chefs abusifs, pervers ou juste nuls, on ne compte plus les cas de managers désastreux. Mais la réalité est aujourd’hui beaucoup plus complexe et nuancée que ce que nos préjugés nous offrent en guise de prêt à penser.
Sur 3 millions des managers sondés en 2017 en France :
- 54% n’ont pas choisi de l’être
- 59% d’entre eux ne sont pas payés au barème de la fonction qu’ils exercent
- 1 sur 3 se considère en souffrance car constamment entre " le marteau et l’enclume "
On pense trop peu aux managers qui rament et à leurs quotidiens dans le cambouis des rapports humains, des crises, des engueulades, des prises de becs dans cet éternel judo-des-égos qu’est le travail en équipe.
Manager, un métier compliqué
On pense trop peu à la galère que c’est :
- De faire du management horizontal avec des employés qui se complaisent dans les cachettes de l’horizontalité
- De mettre en place un management libéré avec certains profils de travailleurs qui sont tout sauf la maturité pour être libres.
Etre manager c'est aussi "faire avec"
- Des employés qui confondent leur histoire avec celle de leur poste de travail et qui vivent comme un assassinat de changer de bureau, de PC, de logiciel.
- Des gens qui s’en réfèrent constamment à leur profil de fonction pour indiquer dire que la tâche demandée n’y est pas inscrite, oubliant au passage que "relire sans arrêt son profil de fonction " n’est pas non plus inscrit dans son profil de fonction.
- Certains employés, pas nombreux certes, mais tenaces et délétères, adeptes du moindre effort et de la glande, qui tirent vers le bas des équipes entières.
- Ces spécialistes du "j’te l’avais bien dit".
- Ces agaçants experts du "comme un lundi".
On fait comment pour améliorer les choses ?
Durant des décennies, les organisations se sont faites championnes pour recruter des profils rigides, figés et autoritaires. Il faut reconnaître que les lacunes de nos managers sont le reflets des lacunes de tous les travailleurs. Aujourd’hui, de nouveaux modes de management se diffusent et font place à plus d’autonomie, de liberté, de créativité et de collaboration; mais le nouveau management ne se fera pas sans une nouvelle façon d’être employé.