Liège

Les manèges désormais classés de 1 à 4 étoiles : le Cercle équestre du Jonckeu se cabre

Vue aérienne des installations du Cercle équestre du Jonckeu, à Theux.

© Philippe Michel

Par Romane Dujardin

Les centres équestres sont maintenant notés avec des étoiles, comme les hôtels. La Ligue Équestre Wallonie-Bruxelles (LEWB) a changé son système de labellisation. Cela pose problème à Martine Beuken, co-propriétaire du Cercle équestre du Jonckeu, à Theux : son manège a été rétrogradé.

Depuis 2021-2022, la LEWB propose trois labels de qualité à tous les cercles équestres de Wallonie et de Bruxelles : pédagogie, infrastructures sportives et Poney Club. Ces trois critères étaient jusqu'alors regroupés et évalués conjointement pour qu'un club soit éligible à la labellisation. Les structures équestres se classaient alors comme suit : poney-club agréé, poney-club qualifié, école d'équitation agréée, école d'équitation qualifiée et école d'équitation supérieure.

Un cheval au Jonckeu profitant du jet d'eau rafraîchissant du tuyau d'arrosage après une leçon.
Un cheval au Jonckeu profitant du jet d'eau rafraîchissant du tuyau d'arrosage après une leçon. © Romane Dujardin

Pourquoi tout changer ?

Le but premier de cette diversification en trois labels est d'octroyer plus de labels à plus de manèges différents. Cela permet qu'un centre équestre puisse être reconnu sur la qualité de son enseignement, même s'il a encore des progrès à faire en termes d'infrastructures, par exemple.

Ce règlement 2022 a aussi été mis en place pour que le cavalier débutant puisse s'y retrouver. Parler d'étoiles simplifie le jargon équestre et permet de parler un langage commun, moins technique, accessible aux néophytes. Le cavalier potentiel doit pouvoir retrouver sur le site de la ligue des informations claires concernant la sécurité des infrastructures et la qualité de l'enseignement.

Mais avec cette scission des labels, un centre équestre labellisé se verra désormais attribuer une, deux, trois ou quatre étoiles pour chaque catégorie de label.

Vue aérienne des installations du Jonckeu, à Theux.
Vue aérienne des installations du Jonckeu, à Theux. © Philippe Michel

Manège désenchanté

Martine Beuken est la co-propriétaire du Cercle équestre du Jonckeu à Theux. Son manège bénéficie depuis longtemps du titre d'école d'équitation supérieure, soit l'équivalent de 4 étoiles. Mais Martine vient de renouveler sa demande de labellisation et le changement de système a joué en sa défaveur.

"Nous avons conservé nos 4 étoiles pour la pédagogie, puisque le moniteur principal a toujours le grade Adeps le plus élevé. En infrastructures, par contre, on est passés à 3 étoiles... parce qu'il manque 10 mètres de longueur à ma piste intérieure."

Martine Beuken, propriétaire du Cercle équestre du Jonckeu, à Theux.
Martine Beuken, propriétaire du Cercle équestre du Jonckeu, à Theux. © Julien Bader

Le motif ? L'intérêt du 4 étoiles est qu'un cavalier de dressage puisse monter sur une piste de 20 x 60 mètres, aussi bien en hiver qu'en été. C'est du moins ce qu'il lui a été répondu. Martine dispose pourtant d'une piste extérieure aux bonnes dimensions et équipée d'une technologie pointue permettant son utilisation en hiver.

"Ce que je reproche à la ligue, c'est d'avoir des critères extrêmement réducteurs. […] Aujourd'hui, les cavaliers veulent pratiquer énormément de disciplines différentes. Notre rôle en tant qu'enseignant est donc de faire du touche-à-tout. Et avec nos infrastructures, nous pouvons aussi bien les former au dressage, qu'à l'obstacle et qu'au cross."

Martine Beuken et son cheval, Fatal d'Or, en saut d'obstacles.
Martine Beuken et son cheval, Fatal d'Or, en saut d'obstacles. ©  Philippe Michel

Subsidiation à la clé

Mais si les critères sont si scrupuleusement respectés et que la ligue ne peut pas y déroger, même pour 10 mètres, c'est qu'il y a une raison. "L'Adeps, l'administration des sports, délivre désormais des subsides annuels aux centres équestres labellisés, proportionnellement à leur nombre d'étoiles", explique Joëlle Goëmé, administratrice à la LEWB et au GEPL (Groupement Équestre de la Province de Liège). "Ce n'était pas le cas avant. C'est pour ça que c'est un peu plus strict, puisqu'il y a une reconnaissance et une aide financière à la clé."

Une cavalière sur son cheval en train de franchir un obstacle.
Une cavalière sur son cheval en train de franchir un obstacle. © Philippe Michel

De son côté, la monitrice principale du Jonckeu entend, mais elle reproche à la ligue son manque de concertation avec le terrain dans la définition des critères : "Oui, il faut bien accepter les critères, mais la ligue aurait peut-être pu demander à ses clubs ce qu'ils en pensent. Ou demander aux cavaliers, qui sont les premiers usagers, quelles sont leurs exigences lorsqu'ils arrivent dans un club."

Une enquête de satisfaction auprès des clubs et de leurs cavaliers n'est pas exclue par Joëlle Goëmé. "Pourquoi pas consulter les gens du terrain, oui. On peut envisager ça avec l'organe d'administration de la ligue, à l'issue du premier triennat 2021-2024, en vue d'une amélioration."

Un cheval qui tire la langue.
Un cheval qui tire la langue. © Romane Dujardin

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