Déclic

Les "méga festivals" sont-ils adaptés au contexte environnemental actuel ?

Par La Première via
Le mois de juillet a été rythmé par les festivals : Tomorrowland, Rock Werchter, Les Ardentes, Dour, etc. Mais une question se pose : le secteur des grands festivals musicaux doit-il s’adapter pour tenter de diminuer l’impact écologique de ces grands événements qui sortent du sol pour un week-end et concentrent des dizaines voire des centaines de milliers de personnes ?

Quel est l’impact des émissions carbones du domaine culturel ?

"La culture se sent parfois peu concernée même si de plus en plus d’acteurs culturels s’engagent sur ce sujet" commence Fanny Valembois, spécialiste des démarches de décarbonation des organisations culturelles "on peut effectivement avoir l’illusion que la culture c’est de l’immatériel […] C'est une erreur puisque la culture a besoin de bâtiments, de transports, d’alimentation. L’ensemble de ces secteurs a des impacts sur l’environnement et les émissions carbones" poursuit-elle.

Plus la taille augmente, plus l’exposition aux risques augmente

Pour Fanny Valembois, il s’agit de se questionner sur les risques auxquels s’expose un événement qui devient un "méga festival" et nécessite de déplacer une masse importante de festivaliers, en voiture mais aussi de plus en plus en avion – on peut citer l’exemple de Tomorrowland qui affrète des avions spécialement pour son événement. "Ça représente une part de responsabilité mais aussi une part de risques : qu’est-ce qui se passe si l’événement est exposé à des risques sanitaires, climatiques, si l’énergie est moins abondante et plus chère ? Qu’est-ce qui se passe en cas de choc ?"

Des écogestes louables mais un modèle à questionner

"A Esperanzah, on vise un tri 100% correct de tous nos déchets, ça inclut les déchets des monteurs, des démonteurs, et des festivaliers" explique Eva Cunningham, responsable environnement du festival Esperanzah "le but est de minimiser le nombre de kilos de déchets tout-venant par festivalier".
 
"Il faut saluer le travail extrêmement important qui est fait par Esperanzah" souligne Fanny Valembois. "Les déchets sont un enjeu important en termes de pollution et de gaspillage. Par contre d’un point de vue des émissions de gaz à effet de serre, c’est quelque chose d’assez marginal. Le piège c’est de se dire qu’on fait sa part en faisant un effort important sur les déchets". Elle explique que d’un point des émissions carbones, les impacts sont ailleurs et principalement du côté de la mobilité et des transports (des festivaliers, du matériel, des artistes) puis de l’alimentation.
 
"La trajectoire proposée par les accords de Paris, donc la neutralité carbone en 2050, c’est de l’ordre de – 80% d’émissions en 2050. C’est énorme et on n’y arrivera pas avec des écogestes : à modèle de production constant, ce n’est pas possible. Sans même parler de ces jauges qui augmentent de manière continue. Donc on a à la fois besoin de travailler tout de suite sur les modes de transport mais aussi de démarrer une réflexion sur nos modèles même de réussite qui sont des festivals toujours plus gros".
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