Les Américains votent ce mardi. Des élections très importantes qui tombent à mi-mandat de la présidence de Joe Biden. Depuis deux ans, les démocrates ont une courte majorité à la Chambre des représentants et une seule voix de majorité, celle de la vice-présidente Kamala Harris qui compte double, au Sénat.
Tous les sièges de la Chambre sont en jeu et 35 sur 100 au Sénat. Mais dans le camp républicain, les espoirs sont très grands de reprendre la majorité dans les deux assemblées. Les sondages, qui se trompent souvent aux Etats-Unis, leur prédisent une nette victoire. Donald Trump en particulier souhaite une "vague géante" républicaine dans l’optique d’un retour à la présidence en 2024.
Si c'est le cas, la seconde moitié de la présidence de Biden risque de se révéler difficile dans un pays politiquement et culturellement ultra-polarisé. Plusieurs de ses politiques pourraient se voir bloquées ou limitées, et parmi elles, il y a le soutien apporté à l’Ukraine face à l’invasion russe. C’est le lot de tout président paralysé par un parlement hostile et de plus affaibli en cas de mauvaises performances du parti dont il est de facto le leader.
Comment les autres présidents américains se sont-ils comportés après avoir perdu des midterms et que risquent de devenir les politiques de Biden au cours des deux prochaines années ?
Midterms : des élections à risque dans 9 cas sur 10
Dans l’histoire des Etats-Unis, le parti présidentiel a perdu des sièges à la Chambre des représentants dans 37 cas sur 41 depuis 1860 et la mise en place du système à deux partis. Et en particulier lors de 17 des 19 dernières midterms.
Un gros recul du camp présidentiel n’est pas rare : sur 19 élections de mi-mandat entre 1934 et 2006, le parti du président a perdu en moyenne 26 sièges à la Chambre des représentants et un peu plus de trois au Sénat.
Sur cette période, seuls trois présidents ont réussi à ne pas perdre de sièges à la Chambre (Franklin D. Roosevelt en 1934, Bill Clinton en 1998 et George W. Bush en 2002), et seulement six ont évité des pertes au Sénat (Roosevelt en 1934, John F. Kennedy en 1962, Richard Nixon en 1970, Ronald Reagan en 1982, Clinton en 1998 et Bush en 2002). Dans ces deux derniers cas, c’est la procédure d’empeachment pour affaire de mœurs lancée contre Clinton qui s’est retournée contre les républicains et les attentats du 11 septembre 2001 qui ont exalté le sentiment patriote en faveur de Bush.
On explique toutes ces pertes par la théorie du "Surge and Decline" (accroissement et déclin). Le parti du président mobilise moins facilement ses électeurs en général ces élections : ils sont soit trop confiants, soit désillusionnés.
Une autre théorie va dans le même sens : celle de l’élection-référendum, qui juge l’action du président après ses deux premières années. Or c’est souvent le moment des décisions impopulaires ou (le ressenti par l’électorat) de promesses non-tenues ou de compromis, et cela peut tourner au vote sanction. Les électeurs votent pour un contre-pouvoir fort face au chef de l’Etat.
Et conséquence d’un revers aux midterms : l’action du président est paralysée pour la seconde partie de son mandat
Obama et la perte de la majorité démocrate à la Chambre en 2010
L’exemple le plus récent remonte à 2010. Sous la première présidence de Barack Obama. En gagnant 63 sièges à la Chambre (et 6 au Sénat qui est resté démocrate), les républicains ont conquis une majorité à la Chambre, mettant fin à la domination démocrate du Congrès. Quatre ans plus tôt en effet, les Américains avaient offert la majorité au Sénat et à la Chambre au parti démocrate, deux ans plus tard, ils élisaient Obama.
Celui-ci a dès lors pu mener un début de présidence ambitieux: relance de l'économie, Obamacare (une assurance santé universelle, privée mais subventionnée pour les plus pauvres). Les politologues pensaient même que c’était le début d’une longue ère démocrate dans des Etats-Unis devenus une sorte de "paradis progressiste" comme l’écrivait la chroniqueuse politique Ann Friedman en 2008. Ils se trompaient.
Deux ans après son élection, Obama mobilise moins ou fait les frais d’une baisse de popularité au sein de la base qui l’a élu. Son parti subit donc ce désamour.