L’insulte et la discrimination ont-elles leur place dans un jeu ? Mattel, la société qui édite le Scrabble a décidé d’exclure de sa liste des mots acceptés plusieurs termes dénigrants. Dès 2024, des mots comme "tarlouze" ou "nègre" ne seront plus acceptés dans les compétitions. Du côté des joueurs, tous ne sont pas en accord avec ce choix.
Pour le cercle des scrabbleurs, ce choix s’apparente à de la censure. "Un dictionnaire n’a pas pour vocation de juger de l’utilisation d’un mot. Et donc supprimer des mots comme ça, ça n’a pour moi pas beaucoup de sens", estime Xavier Leriche, joueur de Scrabble.
De son côté, l’entreprise a motivé son choix par communiqué : "Les mots […] peuvent être utilisés pour affaiblir, décourager et manquer de respect. En tant que marque tournée vers la Famille et consciente de l’impact des mots et de leur utilisation, Mattel a fait appel à un linguiste indépendant pour identifier les mots à caractères haineux."
Pour certains experts de la langue française, c’est le contexte qui rend le mot injurieux. Les joueurs de Scrabble considèrent donc les mots comme une suite de lettres et non comme des injures. "Cette forme de bannissement n’empêche pas la réalité d’être là. Je crois que ce qui est important est d’éveiller les gens et les consciences à ces différentes utilisations et aux effets que cela peut produire sur différentes personnes et sur différents groupes sociaux", analyse Michel Francard, linguiste belge.