Le monde muséal s’interroge de plus en plus sur l’épineuse question des restes humains conservés dans certains établissements d’art d’envergure internationale. Directeurs de musée et conservateurs se demandent s’il faut continuer à les exposer au même titre que les œuvres d’art, ou s’il est préférable de les remiser voire de les restituer. Les momies en tête.
Le British Museum abrite la plus grande collection au monde d'antiquités égyptiennes en dehors du musée égyptien du Caire. Celle-ci comporte une centaine de momies, ou plutôt de "restes momifiés" et de "personnes momifiées".
En effet, le musée londonien a pris la décision de moins utiliser le terme "momie" à l’avenir, dans un souci de ne pas déshumaniser ces corps préservés par-delà le trépas, selon le Daily Mail. Une initiative suivie par les différents établissements qui constituent les musées nationaux d’Écosse (National Museums of Scotland, en anglais), ainsi que le Great North Museum: Hancock de Newcastle upon Tyne. "Le mot "momie" n'est pas incorrect, mais il est déshumanisant, tandis que l'expression "personne momifiée" encourage nos visiteurs à penser à l'individu", a expliqué un porte-parole des musées nationaux d’Écosse au tabloïd anglais.
Cette évolution terminologique intervient à un moment où la question de la préservation des restes humains fait débat dans le milieu muséal. Le musée Pitt Rivers d’Oxford avait annoncé en septembre 2020 qu’il n’exposerait plus les têtes réduites et autres reliques humaines inclus dans sa collection de plus de 500.000 objets anthropologiques. "Nos recherches ont montré que les visiteurs voyaient souvent l'exposition de restes humains au [Pitt Rivers] comme la preuve que certaines cultures étaient "sauvages", "primitives" ou "macabres". Au lieu de permettre à nos visiteurs de mieux comprendre les us et coutumes d'autres cultures, ces installations venaient renforcer des stéréotypes racistes qui sont à l'opposé des valeurs portées par notre musée aujourd'hui", avait alors déclaré la directrice du musée, Laura Van Broekhoven, dans un communiqué.