Les musiciens du Titanic, un feuilleton autour de ces artistes gentlemen entrés dans la légende

© Pictures from History/Universal Images Group via Getty Images

Par Christophe Levaux pour Musiq3 via

Dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, le RMS Titanic sombrait dans l’Atlantique. 110 ans plus tard, nous vous proposons de redécouvrir le feuilleton "Les musiciens du Titanic", écrit en 2012 par Mireille Moons, raconté par Frédéric Dussenne et réalisé par Thierry Lequeux…

Ils étaient huit musiciens à bord du Titanic. Ils formaient un quintette et un trio. Mais c’est ensemble qu’ils jouèrent jusqu’au bout et entrèrent dans la légende. Ces artistes gentlemen avaient en commun d’être pauvres. Leur seule richesse était la musique qu’ils offraient aux passagers qui voulaient bien les écouter.

Les musiciens du Titanic
Les musiciens du Titanic © Universal Images Group via Getty - Universal History Archive

Les musiciens du Titanic : le premier épisode

On dit l’orchestre du Titanic… car l’Histoire est avare de reconnaissance. Elle n’a pas daigné graver les noms de ceux qui le composaient, mais elle leur a cependant décerné le label de jolly good fellows, de braves parmi les braves. Car il y avait eu tant de victimes en cette nuit du 14 au 15 avril 1912 que les foules avaient aussi besoin de héros, pour que l’horreur puisse être partagée, sublimée. Ainsi on raconta qu’au moment suprême, agenouillé dans l’eau, l’orchestre avait entamé Plus près de toi mon Dieu, et que l’hymne avait été repris dans tous les canots de sauvetage. Rien n’est moins sûr ! N’empêche, le monde entier voulut y croire et le New York Times publia les paroles de l’hymne en première page. En France, on imprima une partition souvenir. Il s’en vendit cinquante mille exemplaires en quelques jours… Pour le monde entier, l’orchestre du Titanic était devenu un symbole d’héroïsme, presque de sainteté…

Les musiciens du Titanic : le deuxième épisode

Le centre du Titanic était l’endroit le plus stable du navire. C’est donc là qu’étaient installés les passagers de première classe. Sur les trois ponts supérieurs, A, B et C, les cabines coûtent la modique somme de cinquante mille dollars d’aujourd’hui, pour une traversée sans mal de mer ! Pour un tel prix, le public a le droit d’être ébloui, et tout d’abord par le décor. Pas question d’avant-gardisme et donc pas d’Art Nouveau. Les décorateurs ont décidé de copier tous les styles européens des 17e au 19e siècle. Le cahier des charges du mobilier comprend onze styles, depuis les faux Louis XIV, XV ou XVI, en passant par la Régence, l’Empire, le Hollandais ancien et moderne, la Renaissance italienne, le Georgien anglais, l’Adam écossais…

Les musiciens du Titanic : le troisième épisode

Wallace Hartley, dans la dernière lettre qu’il put poster avant que le Titanic ne s’élance pour la traversée de l’Atlantique, disait sa satisfaction du groupe de musiciens dont il était responsable. De bons musiciens, et de chics types. Le plus sympathique était peut-être Jock Hume. C’était en tout cas le plus séduisant. De quelle couleur étaient ses yeux ? Étaient-ils verts, étaient-ils gris, étaient-ils verts de gris ? Le sépia a la mémoire sélective… En tout cas, ils étaient clairs, immenses. Il était écossais, il s’appelait John Hume mais, à bord, tout le monde disait Jock. Du haut de ses vingt-et-un ans, il a plus de voyages en mer à son actif que tous ses autres collègues. Il a joué du violon dès sa petite enfance, avec son père. Un drôle de bonhomme que ce père !

Les musiciens du Titanic : le quatrième épisode

Dimanche 14 avril au matin. Hier, le Titanic a quitté l’Irlande et Queenstown, sa dernière escale avant New York. Les passagers sont contents, ils ont trouvé leurs marques. Marins, mécaniciens, personnel hôtelier : chacun est à son poste et le géant des mers se lance dans son voyage inaugural à travers l’Atlantique par un temps superbe, sur une mer d’huile. Un sentiment de sécurité, de sérénité, habite les passagers.

Les musiciens du Titanic : le cinquième épisode

La définition du vrai gentleman (au féminin, lady) a fait l’objet d’interminables débats tout au long du règne de Victoria. Définir l’authentique personne de bien, sans distinction de classe ou de fortune, n’était pas simple, et la question était de première importance. Cela dictait la conduite de toute une société, et on ne pourrait comprendre sans cela la modestie professionnelle exigée et assumée par les musiciens du Titanic. En voici le bréviaire : un gentleman est d’abord quelqu’un qui ne fait jamais de tort à autrui. Il cherche à effacer les obstacles qui s’opposent aux initiatives de ceux qui l’entourent et évite tout ce qui pourrait choquer ou perturber l’esprit des personnes en compagnie desquelles il se trouve. Il ne se montre jamais ennuyeux, il ne parle de lui que lorsqu’il y est contraint, évitant de se mettre en avant dans la conversation.

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