Murmures du monde

Les musiques de l’Afrique de l’ouest, la richesse des traditions musicales

© Manuel Breva Colmeiro / Getty Images

Faites vos valises, Hélène Van Loo vous emmène en Afrique de l’ouest dans son émission Murmures du monde. À travers les espaces de désert et de savanes, chez les Touaregs, le long du fleuve Sénégal et de la grande boucle du fleuve Niger, partez à la découverte du peuple Peuls où se perpétuent des sonorités, des rythmes, des techniques vocales d’une grande beauté.

Dans les espaces de déserts et de savanes qui s’étendent des confins du Niger à la Mauritanie, dans le sud-ouest du Sahara, se sont côtoyées, affrontées, asservies durant des siècles les populations blanches du Nord et noires du Sud. Il semble qu’elles partagent un tronc culturel commun. Pour les Berbères d’Afriques du Nord et les Sérères du Sénégal, Léopold Sédar Senghor fait remonter ce tronc culturel commun à "la société du néolithique, avec le matriarcat et la primauté de la terre, mais encore avec la religion animiste et les trois valeurs fondamentales de l’art en Afrique à savoir l’image symbolique, la mélodie polyphonique et le rythme fait de répétitions qui ne se répètent pas."

Parmi les sociétés claniques des nomades du Sahara qui ont longtemps exercé la maîtrise des échanges Nord-Sud, l’expression musicale est empreinte d’influences arabes et berbères (bédouines et touarègues). Plus primordiale que la musique qui l’accompagne, la poésie est souvent sobre, sur le registre de l’amour courtois, vantant les faits remarquables et la noblesse humaine. Les amples mélodies à l’ambitus restreint ondulent le texte comme des vagues de dunes.

Peu d’instruments dans ces traditions. Les rythmes accompagnant les chants des femmes sont marqués par des claquements de mains, un mortier ou un récipient servant à la cuisine recouverte d’une peau tendue faisant office de tambour.

L’imzad, instrument traditionnel joué par les femmes touaregs

L’imzad est un instrument à cordes, une sorte de vièle à une corde, qui est utilisé entre autres pour soigner et peut être joué de manière très virtuose. D’après la tradition, les hommes ne peuvent en jouer au risque d’être maudits. L’imzad accompagne des chants poétiques à la gloire de héros passés. L’imzad était aussi joué à l’occasion de réunion galante qui pouvait s’éterniser tard dans la nuit.

Menacé de disparition faute de jeunes joueuses, l’imzad, que seules les femmes Touaregs ont le droit de faire vibrer, suscite un nouvel engouement et résonne de plus belle dans les majestueux paysages du Sahara.

Les Hommes quant à eux, peuvent accompagner les chants du grand luth à trois cordes tehardent, emprunté au peuple du Sud.

Le tehardent est utilisé par les Touaregs du Mali et du Niger principalement.

Il est l’instrument des griots, membres d’une caste plus importante d’artisans et forgerons. Ils sont poètes et conteurs, ils jouent le luth tehardent pour accompagner des chants qui peuvent s’avérer critiques et satiriques. Le tehardent est devenu un genre en soi. C’est aujourd’hui l’appellation d’un style de chant masculin très répandu dans les régions touareg du Sud mais aussi de l’Algérie.

Ardin, tidnit et t’bol

En Mauritanie, la caste des griots iggawin est traditionnellement en charge de la musique. Très élaborée, cette musique possède ses codes stricts et se développe selon trois "voies" ou cycles de modes. Parmi les femmes issues de cette caste, on retrouve Ooleya Mint Amartichit, Aicha Mint Chighaly ou la célèbre Diva du Désert Dimi Mint Abba qui nous a quittés en 2011. Trois artistes, chanteuses et instrumentistes, essentielles.

Dimi Mint Abba s’accompagne souvent à la harpe ardin. Cousine de la Kora, l’ardin est réservée aux femmes musiciennes.

Le tidnit par contre est réservé aux hommes. Il est apparenté au N’Goni des Mandingues. Et puis il y a aussi le tambour t’bol, fait d’une grosse calebasse et apparenté aux percussions des Peuls, accompagnant les chants de bravoure.

Le long du fleuve Sénégal, les musiques des Peuls

Dans la partie sud de l’air saharienne, le long du fleuve Sénégal et de la grande boucle du fleuve Niger, se perpétuent des sonorités, des rythmes, des techniques vocales d’une grande beauté. Les musiques des Peuls, notamment, portent la marque de traditions riches et raffinées. Ce grand peuple migrateur originaire de l’Est du continent africain, porte avec lui d’étonnants jeux rythmiques et vocaux, manifestés entre groupes de jeunes hommes et femmes.

Les Peuls ont mêlé leurs musiques aux sociétés d’une bonne moitié du continent noir. La technique de la flûte peule a ainsi été absorbée par les musiques de l’aire mandingue. Quant aux musiques des Songhaï, Zerma ou Tamatchek, jouées le long des rives du Niger de Tombouctou jusqu’à Niamey, pourraient être à l’origine du delta blues du Mississipi.

 

Découvrez la richesse de ces musiques d’Afrique de l’ouest dans les émissions Murmures du monde

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