Murmures du monde

Les musiques du sous-continent indien : le qawwali et le kafi du Pakistan

© Simon Andrews / EyeEm via Getty Images

Par Hélène Van Loo via

Pour ce troisième et dernier volet de Murmures du monde consacré à la musique du sous-continent indien, Hélène Van Loo vous emmène au Pakistan.

Au Pakistan, on pratique aussi bien les styles classiques de l’Inde du Nord que plusieurs formes musicales liées au soufisme, la version mystique de l’islam. La plus célèbre de ces formes s’appelle le qawwali.

Le qawwali

Du mot arabe "Qaul" qui veut dire parole, le qawwali désigne un genre musical spirituel de l’inde et du Pakistan. Le qawwal, c’est celui qui transmet un message et le qawwali est le chant religieux destiné à faire circuler ce message dans les assemblées soufies.

Le répertoire emprunte ses composantes musicales aux traditions de l’Inde du Nord et ses composantes poétiques à la tradition soufie classique à laquelle de nombreux chanteurs intègrent des éléments de poèmes contemporains populaires…

Mueenuddin est le maître soufi auquel tous les qawwals se rattachent. Son mausolée à Ajmer est d’ailleurs un lieu de pèlerinage et de rencontre pour les qawwal de l’Inde et du Pakistan.

Le qawwali est un genre au départ poétique, mais c’est également un genre musical et philosophique. Il se voit aujourd’hui menacé par des groupes extrémistes et la désaffection des jeunes Pakistanais…

Partie de l’identité nationale, le qawwali, dont l’origine remonte au XIIIe siècle, a longtemps été une forte composante du lien social, citadins et villageois se réunissant dans les mêmes mausolées soufis pour des concerts. Les performances durent traditionnellement des heures et voient les musiciens naviguer entre harmonies prodigieuses et improvisations saisissantes. Une partie de l’auditoire se retrouve alors plongée dans un état proche de la transe.

La musique joue un rôle essentiel dans toute discipline soufie. Depuis ses origines, ce mouvement prône la pratique ou l’écoute de la musique comme une expérience active essentielle pour atteindre un degré supérieur de conscience spirituelle. 

L’âge d’or du qawwali

Le qawwali a connu son âge d’or dans les années 1970. Citons les frères Sabri menés par le père Ghulam Farid Sabri ou encore la légende Nusrat Fateh Ali Khan, qui se produisaient partout dans le monde.

Après la mort de Ghulam Farid Sabri en 1994, Amjad, son fils a pris les rênes du groupe, dans la plus stricte tradition patriarcale pakistanaise, jusqu’à devenir omniprésent à la radio et télévision nationales. Il était comme une rock star.

Amjad Farid Sabri est assassiné 22 juin 2016 à Karachi à l’âge de 45 ans. Le meurtre sera revendiqué par les Talibans pakistanais, l’accusant de blasphème.

Certains groupes islamiques radicaux, considèrent en effet, le soufisme, branche mystique de l’islam vénérant des saints et associant la musique au culte, comme une hérésie.

Le qawwali ne se remet pas de la disparition d’Amjad Farid Sabri.

Le kafi

Il existe aussi de nombreuses musiques populaires que le Pakistan partage avec l’Inde, comme les flûtes doubles ou triples du Sind et que les musiciens jouent en utilisant la technique du souffle continu.

Au Bengale indien, comme au Bangladesh, vivent les Baul, une communauté mystique en marge, qui parcourt les plaines du Gange, ivre de Dieu et de substances illicites sous nos latitudes, en chantant des poèmes religieux syncrétiques indo-musulmans, et en s’accompagnant d’instruments à cordes a tension variable dont ils tirent des sonorités aquatiques, au cours de leurs rituels débridés.

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