Belgique

Les négociations interprofessionnelles semblent terminées avant même d'avoir commencé

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Par Belga, édité par Sandro Faes Parisi

Les négociations entre employeurs et syndicats sur un nouvel accord interprofessionnel (2023-2024) n'ont pas encore commencé qu'elles semblent déjà être vouées à l'échec. La FGTB a prévenu mercredi qu'elle ne signera aucune convention à 0% de marge salariale, alors que le rapport du Conseil central de l'économie sur la marge salariale maximale disponible pour les augmentations de salaires en Belgique, attendu en principe jeudi, ne laisse entrevoir aucune marge possible.

"Ce rapport devrait faire état, selon les calculs en vigueur, d'une marge disponible de 0%, pour les négociations d'un AIP (accord interprofessionnel, NDLR)", indique le syndicat socialiste dans un communiqué.

Un accord interprofessionnel est négocié tous les deux ans au sein du "Groupe des 10", qui réunit patronat et syndicats, et porte notamment sur une possible augmentation salariale. Depuis 1996, une loi encadre les augmentations salariales en Belgique dans un souci de préservation de la compétitivité des entreprises belges par rapport aux principaux pays voisins. Mais cette loi a été modifiée en 2017 sous le gouvernement Michel et les syndicats jugent qu'elle n'est plus qu'un "carcan" empêchant toute hausse des salaires et toute négociation interprofessionnelle.

Si la marge salariale était de 0,4% il y a deux ans (AIP 2021-2022), ce qui avait déjà empêché la conclusion d'un AIP, l'inflation galopante des derniers mois, qui entraîne une augmentation des salaires via le système d'indexation automatique, a encore davantage complexifié la donne. Les employeurs affirment ne plus pouvoir supporter d'augmentation des salaires en plus de l'indexation et des hausses barémiques. Du côté syndical, on souligne que l'indexation ne fait que compenser, parfois avec un retard de plusieurs mois, la perte de pouvoir d'achat due à l'inflation.

"Nous ne validerons pas le blocage salarial en cette période de crise profonde, qui touche tous les ménages. Alors même que les surprofits et la marge bénéficiaire des entreprises belges sont historiquement élevés", met d'ores et déjà en garde la FGTB.

Le syndicat socialiste souligne au passage qu'une récente étude de la Banque nationale de Belgique (BNB) a calculé que le taux de marge des entreprises non financières - principalement de l'industrie, en ce compris les sociétés du secteur de l'énergie - avait atteint au deuxième trimestre le niveau record de 45,2%.

En outre, pour la FGTB, le fameux "handicap salarial" de la Belgique par rapport aux pays voisins se base sur un mauvais calcul, ne prenant pas en compte "les milliards de subsides salariaux accordés aux entreprises, précisément pour sauvegarder leur compétitivité".

La publication du rapport du Conseil central de l'Économie sur la marge salariale marque traditionnellement le lancement des négociations d'un nouvel AIP par le Groupe des 10. Ce rapport, attendu ce jeudi, a déjà fuité çà et là. Selon L'Echo, le rapport évalue le handicap salarial belge à près de 6%, ce qui réduit à néant la marge salariale.

"Il y a de fortes chances que le gouvernement doive trancher", estime la numéro deux de la FGTB, Miranda Ulens.

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