C’est reparti pour un tour. L’accord nucléaire iranien est de nouveau sous les projecteurs avec la reprise, aujourd’hui à Vienne, des discussions après cinq mois d’interruption. Autant prévenir, l’ambiance autour de la table n’est pas au beau fixe.
Cet accord (le Plan d’action global commun, PAGC) négocié de haute lutte, puis signé en 2015 par l’Iran, la Russie, la Chine, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France et les Etats-Unis, était le résultat d’un long processus diplomatique international, commencé en 2003, après que de forts soupçons pèsent sur la République islamique, en particulier sur sa volonté de se doter d’une arme nucléaire.
Pour les européens et les américains, ce contrat allait leur permettre – au moins - de maintenir un lien avec Téhéran, suffisamment pour imposer des mesures de contrôle sur la production de l’arme atomique.
Mais entre-temps, les termes de l’accord ont changé, puisqu’en 2018, Washington s’est retiré avec fracas, imposant des sanctions encore plus fortes à Téhéran.
Conséquences, dès 2020, l’Iran a annoncé qu’il s’affranchissait de l’accord, en ne s’imposant plus de limites pour l’enrichissement d’uranium. Et depuis février, Téhéran a considérablement restreint les inspections des agents de l’AIEA, l'Agence internationale de l’énergie atomique.
Pourquoi une ambiance si délétère ? Parce que la nouvelle équipe iranienne d’Ibrahim Raïssi a formulé des exigences qu’américains et européens jugent irréalistes. Elle réclame la levée de toutes les sanctions américaines et européennes imposées à l'Iran depuis 2017, y compris celles qui ne sont pas liées au programme atomique de Téhéran. "Il n’y a pas de négociations nucléaires", avait déclaré Ali Bagheri Kani, début novembre, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères et nouveau chef des négociateurs sur la question du nucléaire.
Blocage donc, avant même de discuter. Les Etats-Unis participent de manière indirecte aux discussions.
L'Iran peut-il fabriquer une bombe nucléaire ?
Les récentes avancées en matière d’enrichissement d’uranium inquiètent les experts.
Partons du point de départ. D'après les termes de l'accord, l'Iran avait convenu de limiter le niveau d'enrichissement d'uranium à 3,67% pour un plafond de 202,8 kilos. Enrichi entre 3 et 5%, cet uranium sert à alimenter les centrales nucléaires pour la production d'électricité.
Mais en s’affranchissant de ses engagements, Téhéran a commencé à dépasser le plafond autorisé, en enrichissant toujours plus, jusqu'à atteindre aujourd’hui les 60%, tout près des 90%, nécessaires à la confection d'une bombe.
Ce n’est pas tout, pour la première fois selon les experts, Téhéran a développé de l'uranium métal, un matériau clé pour fabriquer une arme atomique. Tout ça assorti d’un plus grand nombre de centrifugeuses pour produire davantage, mieux et plus vite.
Bref, de l'avis des experts, l'Iran a parcouru 99% du chemin pour obtenir le matériau destiné à une bombe nucléaire. Les 90% d’enrichissement pourraient être atteint d’ici deux mois. Mais le matériau n’est pas suffisant, il faut ensuite de nombreuses étapes pour adapter l'arme sur un missile et faire fonctionner le dispositif correctement.
Téhéran ne se cache plus qu’il faudra compter l'Iran prochainement comme une puissance nucléaire, mais dément toujours vouloir se doter de la bombe.