La gare des Guilemins a été voulue comme une sorte de cathédrale blanche par son architecte, l’espagnol Santiago Calatrava. Son immense voûte de verre et d’acier, particulièrement photogénique, sert régulièrement de cadre à des tournages de films. Mais elle est occupée à subir une transformation radicale : des vinyles de six teintes très contrastées ont commencé à projeter des ombres jaunes, bleues, orange ou rose, sur les quais, les rails et les usagers. C’est une installation éphémère, pour un an, imaginée par le plasticien Daniel Buren, et financée, pour l’essentiel du demi-million que ça coûte, par des groupes privés, Uhoda, Matexi, Ardent ou Protection Unit entre autres. Les clichés se multiplient sur les réseaux sociaux, avant même que la couverture, de plus d’un hectare au final, ne soit complète. Daniel Buren est célèbre aux quatre coins du monde de l’art contemporain, pour avoir déjà "colorisé" le grand Palais, à Paris. Il a l’habitude des controverses à propos de ses interventions. Mais quelles sont ses intentions, lui qui dénie toute fonction psychologique par exemple, aux couleurs ? Comment travaille-t-il ? Comment a-t-il choisi ses teintes, et leur agencement ? Il s’exprime dans Liège en Prime, et à ceux qui se montrent sceptiques envers ses créations, il demande de la patience, avant de se forger une opinion : ce n’est pas le nez en l’air qu’il faut les regarder ; c’est vers le sol qu’il faut porter le regard, vers les quais, les rails, les gens, qui, au gré des ombres et des saisons, vont radicalement, et temporairement, changer.