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Les ongleries et l’évacuation de la Galerie du Centre : "La cause de l’incident n’a à ce jour pas pu être formellement identifiée"

L’évacuation a eu lieu le 21 février dernier.

© RTBF

"La cause de cet incident n’a à ce jour pas pu être formellement identifiée […]. Les soupçons se portent néanmoins sur une arrivée accidentelle dans le réseau d’égouttage d’un solvant utilisé dans l’activité de manucure."

Malgré des contrôles opérés les 22 et 28 février, tant par la police, que les pompiers mais aussi les services communaux de la Ville de Bruxelles et les inspecteurs de Bruxelles Environnement, rien n’explique avec certitude les causes de l’évacuation de la Galerie du centre, le 21 février dernier, comme l’a déclaré ce mercredi le ministre régional de l’Environnement Alain Maron, en commission Environnement du Parlement bruxellois.

Ce jour-là, des clients du cinéma Aventure, mais aussi des habitants aux étages se plaignent d’irritations des yeux, à la gorge et de la présence d’une forte odeur. Alerté, le bourgmestre Philippe Close (PS) prend un arrêté de fermeture. Tous les regards se tournent alors vers les bars à ongles. On en recense 28 dans la galerie. Pour leur activité, ceux-ci utilisent des produits solvants dont la toxicité a déjà été pointée du doigt par le passé.

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Un déversement de produits toxiques depuis les étages ?

Si l’origine de l’incident n’est pas connue avec certitude, "les soupçons se portent néanmoins sur une arrivée accidentelle dans le réseau d’égouttage d’un solvant utilisé dans l’activité de manucure. A ce stade des enquêtes, les autorités n’ont pas pu identifier de quel produit il s’agissait, ni le lieu du déversement", a ajouté le ministre, interpellé par les députées Isabelle Emmery (PS) et Viviane Teitelbaum (MR), ainsi que le député Jonathan de Patoul (DéFI).

"Contrairement à la situation du 22 février où les magasins et les boxes de garage étaient inaccessibles, lors des contrôles du 28 février", complète le ministre, "presque tous les commerces et les boxes de garage ont pu être visités et l’enquête a notamment fait apparaître que les différents salons de manucure détenaient un stock variable et diversifié de ces produits odorants. Mais ces produits pourraient aussi avoir été déversés dans le système d’égouttage à cause d’activités illégales opérées depuis des logements situés aux étages et des enquêtes supplémentaires doivent être réalisées."

Substances chimiques et irritantes

Pour rappel, un arrêté du bourgmestre du 3 mars dernier a permis de rouvrir certains commerces, sauf les ongleries, "sous certaines conditions". Une réouverture rendue possible suite à des analyses de la qualité de l’air menées le 1er mars dans la galerie, l’entrée du cinéma, la salle de cinéma et le parking. "Les résultats ont montré l’absence de composés organiques volatils, ces substances chimiques odorantes et parfois irritantes pour les yeux et les voies respiratoires qui entrent dans la composition de nombreux produits utilisés par les salons de manucure."

Le ministre Alain Maron l’a rappelé : le permis d’environnement actuel portant sur les installations de la galerie (chaudière, dépôt de mazout, parking, transformateur) n’est pas adapté pour gérer l’activité des "nails bars". "Les seules prescriptions pouvant être contrôlées et incriminées individuellement sont l’interdiction de ventilation vers la galerie et l’obligation de maintenir les portes fermées. C’est ainsi qu’après un contrôle réalisé début septembre 2022, chaque salon de manucure a reçu une mise en demeure rappelant ces obligations, également reprises dans le règlement d’ordre intérieur de la galerie."

Une situation hallucinante

"L’absence de ventilation de certains salons", ajoute encore le ministre, "est susceptible de générer des nuisances odorantes à l’intérieur des cellules commerciales, ce qui relève aussi des compétences de contrôle du SPF Emploi pour la protection des travailleurs et du SPF Santé publique pour celle du public. A ce titre, le SPF Santé publique vient justement d’édicter en date du 6 novembre 2022 une nouvelle loi relative à l’amélioration de la qualité de l’air intérieur dans les lieux fermés accessibles au public, visant à instaurer un cadre pour une meilleure ventilation et une purification de l’air permettant d’éviter l’accumulation de polluants dans l’air intérieur, comme les poussières fines mais aussi les polluants gazeux (dont les composés organiques volatils présents dans certains produits de manucure)."

Bruxelles Environnement va adresser un courrier au Fédéral pour attirer son attention sur le secteur des ongleries.

Les députés à l’origine des interpellations ont toutefois affiché leurs inquiétudes sur ce dossier. La socialiste Isabelle Emery parle d’une "situation hallucinante" et d’une "bombe" potentielle "en plein centre de Bruxelles" citant les "dépôts et stocks" de produits présents dans la galerie. En 2019, un contrôle visant les chaudières et le dépôt de mazout de chauffage cette fois avait donné lieu à un avertissement, deux rappels et deux mises en demeure adressées à la copropriété.

La libérale Viviane Teitelbaum a rappelé qu’il suffit "d’aller dans cette galerie pour ressentir très vite soi-même une irritation des yeux, dans la gorge… Il suffit de passer des soirées dans le cinéma pour se rendre compte de la problématique. Que ce problème traîne depuis très longtemps est incompréhensible !"

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