Environnement

Les origines des mystérieuses momies du bassin du Tarim enfin comprises ?

© Wenying Li, Xinjiang Institute of Cultural Relics and Archaeology

Par Chloé Rosier

Des momies découvertes en Chine dans le bassin de Tarim posaient de nombreuses questions aux archéologues, ne comprenant pas ce qu’elles faisaient là, d’où elles venaient et pourquoi elles se sont retrouvées dans cet état à cet endroit.

Une des réponses est enfin trouvée grâce à l’ADN, comme les chercheurs l’expliquent dans leur article publié dans Nature.

La découverte des momies et le débat autour de leur origine

Découvertes il y a près de 100 ans en Chine, ces momies sont parfois vieilles de 4000 ans (les tombes trouvées datant entre 4000 et 2000 ans). Tout comme les centaines de squelettes trouvés dans un lac de l’Himalaya, des centaines de momies naturellement préservées ont ensuite été trouvées dans le bassin du Tarim et constituaient un mystère pour les archéologues.

Les corps ont été enterrés dans des cercueils en forme de bateau, étaient enveloppés de peau de bétail et faisaient partie de la culture Xiaohe. L’environnement chaud, aride et salé de ce désert, une des régions les plus hostiles de la planète, les a naturellement préservés. Ils ont encore leurs cheveux et leurs vêtements, on pourrait les croire morts il y a quelques semaines.

Le mystère titillait les archéologues puisque cette période est importante dans l’histoire de la région, les habitants passant de chasseurs-cueilleurs à agriculteurs.
 


Les tombes contenaient du mil, du blé, des ossements d’animaux et des produits laitiers, des preuves claires de technologies agricoles et pastorales caractéristiques d’autres régions d’Eurasie. Certains pensaient donc que c’étaient des migrants venus de l’Ouest (Sibérie, Afghanistan ou Asie centrale), amenant avec eux des nouvelles techniques agricoles dans la région pour profiter d’une nouvelle terre.

Cependant, une analyse ADN suggère qu’il s’agissait en fait d’autochtones qui ont peut-être adopté les méthodes agricoles de groupes lointains qui seraient passés par là.

Les échanges intellectuels se faisaient sans intégration au groupe

© Wenying Li, Xinjiang Institute of Cultural Relics and Archaeology

Les chercheurs ont étudié l’ascendance des premiers agriculteurs chinois jusqu’aux chasseurs-cueilleurs de l’âge de pierre qui vivaient en Asie il y a environ 9000 ans. Étonnamment, ils ont développé les mêmes techniques et ont élevé les mêmes bêtes que d’autres groupes plus ou moins à la même période, bien qu’ils en étaient très éloignés physiquement.

La communauté scientifique pensait que les groupes éloignés avaient amené leur tradition et leurs techniques tout en se mélangeant aux peuples autochtones. Ce n’est pas le cas, l’échange commercial et intellectuel s’est fait uniquement par contact superficiel et non pas parce que certains auraient intégré le groupe définitivement. "Ce n’est pas parce que ces gens font du commerce qu’ils se marient ou qu’ils ont des enfants", explique Michael Frachetti, archéologue à l’Université de Washington, à CNN.

Les recherches ADN ont prouvé qu’il y avait des échanges entre les peuples sans pour autant qu’ils se soient mélangés maritalement. Ils ont également trouvé la preuve que la consommation de lait remonte à 5000 ans dans la région, ce qui soulève de nombreuses autres questions sur la manière dont les gens de la culture Xiaohe ont obtenu ces technologies, d’où et de qui… Affaire à suivre !

Découverte d'une momie à Pachacamac [Images de Sciences #39]

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Inscrivez-vous à la newsletter Tendance

Retrouvez l’essentiel de nos thématiques Vie Pratique, Santé et Bien-être,Sciences et Technologie, Environnement et nature dans cette newsletter au plus proche de vos préoccupations et des tendances du moment.

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous