L’Agenda Ciné : À l’instar de Cédric Klapish, Paris tient une place importante dans vos films. Vous la filmez la nuit, souvent à l’aube ou au crépuscule, dans une espèce d’entre-deux…
J’aime beaucoup cette lumière du crépuscule ou de l’aube, qu’au cinéma on a coutume d’appeler " la lumière magique ". C’est effectivement une lumière qui me bouleverse, une lumière des possibles. Je me sens bien à ce moment-là, et c’est aussi, il est vrai, une lumière que je filme souvent.
Pour ce qui est de Paris, c’est ma ville, la ville que je connais. Je ne filme que des lieux avec lesquels j’entretiens des liens affectifs particuliers et forts…
Construisez-vous vos films à partir des lieux ?
Ce sont plusieurs choses qui s’agrègent. Là, en l’occurrence, c’était l’envie de filmer le quartier de Beaugrenelle, dans le sud-ouest de Paris, avec ses grandes tours sorties de terre dans les années 80 qui cohabitent avec des espaces un peu différents, la Seine, la banlieue qui s’étend et que l’on voit en perspective…
Il y avait également l’envie de filmer la radio de nuit, faire le portrait d’une mère, d’une femme qui vient d’être quittée. Explorer aussi une temporalité de récit un peu différente de ce que j’avais fait jusqu’à présent… même si ça reste des chroniques, c’est un récit qui s’étale sur plusieurs années.
Tout cela devant prendre corps dans quelque chose de plus abstrait, dans une nécessité. Et là c’était l’envie de me replonger dans ces années 80, les années de mon enfance.
On est de son enfance comme on est d’un pays. Je n’en ai pas la nostalgie, mais je suis fait de ces années-là. J’avais envie de m’y replonger, et de réinvestir ça à l’aune du présent, sans trop savoir pourquoi… c’est mystérieux !
D’avoir des enfants moi-même me renvoie peut-être à ma propre enfance.