Vous êtes peut-être conscient de ce phénomène. Ou pas, tant il devenu habituel dans les artères commerçantes. Même quand le thermomètre affiche des températures proches de zéro, les portes des magasins sont ouvertes. Et bien souvent, le passant ne le remarque même plus !
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A quand l'utilisation généralisée d'un pancarte "Poussez la porte, c’est ouvert !" ?
Non-sens écologique et gaspillage flagrant
A priori, laisser les portes ouvertes en hiver est une aberration écologique et un gaspillage flagrant, que personne n'accepterait chez lui.
On importe le pétrole, le gaz. On ne voit plus d’où ça vient et on ne s’en inquiète plus.
Rien d’étonnant à cela selon Arnaud Collignon, Chargé de mission énergies chez Inter-Environnement: "On a une relation à l’énergie qui est basée sur le gaspillage. On ne se rend plus compte, depuis une cinquantaine d’années. On importe le pétrole, le gaz. On ne voit plus d’où ça vient et on ne s’en inquiète plus."
Faire comprendre au client que le magasin est ouvert
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Sans parler de l'inconfort pour les employés qui travaillent toute la journée entre chaud et froid. Heureusement, la pratique est limitée aux centres-villes. Mais pourquoi donc ces commerces ne ferment-ils pas leur porte ? Tout simplement parce qu’un client pénètre plus facilement dans un magasin si la porte est déjà ouverte, nous explique Déborah Moulin, responsable d’un magasin rue Neuve, à Bruxelles: "Si les portes sont fermées, les clients ne rentrent pas aussi facilement dans la boutique. Ils ont l’impression que le magasin est fermé. Même en ouvrant une seule porte, les clients ne rentrent pas autant. Alors qu’avec les deux portes ouvertes comme aujourd’hui, ils rentrent plus facilement".
Quand les portes sont ouvertes, on a plus de monde.
Ne pas oser pousser la porte ? "Ça peut être de la timidité Si la porte est ouverte, ça donne plus envie de rentrer… Je ne sais pas, mais je constate que, quand les portes sont ouvertes, on a plus de monde" observe Erkan Arslantop, gérant d’un magasin du centre de Namur.
On interdit bien les terrasses chauffées !
row of gas patio heaters with propane heat lamp on the street in winter day © Tous droits réservés
Grande ou petite ville, même constat. Est-ce à chaque commerçant de choisir entre sa conscience écologique et ses objectifs économiques ? Ou est-ce aux autorités de fixer un cadre ?
Notre levier, c’est de pouvoir imposer une porte coulissante, facile d’accès pour le client, mais qui permet de garder la chaleur à l’intérieur.
A Namur, la ville interdira à l’Horeca de chauffer ses terrasses à partir de juin 2022. Alors pourquoi ne pas interdire les portes ouvertes ? "Nous pouvons agir sur l’espace public, et sur les autorisations que nous donnons sur l’espace public pour les terrasses. Tandis que les commerces, c’est un espace privé, et donc les leviers sont moins importants pour une commune" explique Stéphanie Scailquin, échevine namuroise de l’urbanisme, de l’attractivité urbaine et de l’emploi. Mais la ville peut agir lorsqu’elle délivre un permis d’urbanisme, pour les rénovations du centre, par exemple. "Notre levier, c’est de pouvoir imposer une porte coulissante, facile d’accès pour le client, mais qui permet de garder la chaleur à l’intérieur."
Bon nombre de ces grands magasins aux portes ouvertes font pourtant de leurs engagements écologiques un outil marketing. N’y aurait-il pas là comme une légère contradiction ? Les chaînes contactées n’ont pas souhaité nous accorder d’interview sur le sujet.
"Il n'y a pas de petites mesures"
Homme d'âge mûr entre dans un magasin de vêtements pour homme. © Getty Images
En France, quelques pétitions circulent pour imposer la fermeture les portes. Chez nous, le phénomène ne semble pas susciter beaucoup d’émoi. La question serait anecdotique pour nombre de citoyens, d'enseignes ou d'élus.
Une étude réalisée alors estimait que 3 000 litres de mazout étaient perdus par mètre carré de porte ouverte, par an, pour rien.
Pourtant, au-delà du symbole, le gaspillage n’est pas anodin, souligne Jonas Moerman, conseiller énergie pour Ecoconso. Il y a quelques années, l’asbl avait mené une campagne de sensibilisation auprès de commerçants, en collaboration avec l’UCM. "Une étude réalisée alors estimait que 3 000 litres de mazout étaient perdus par mètre carré de porte ouverte, par an, pour rien."
"Ces gaspillages, si l’on veut être sérieux avec la résolution de la crise environnementale, on doit les arrêter. C’est le début de la solution. Pour parvenir à décarboner nos sociétés, il faut diminuer notre consommation par deux. Pour arriver à ça, il n’y a pas une mesure miracle, ça va être plein de petites mesures de réduction de consommation d’énergie, et, fermer les portes en fait partie." résume Arnaud Collignon, Inter-Environnement.
Rebelote en été lors de l'activation des climatisations
Dans quelques mois, les climatisations tourneront à plein régime, et le constat sera identique. Pourquoi ne pas généraliser l’utilisation d’une pancarte du type " Poussez la porte, c’est ouvert" ? Qui sait, le client hésitera peut-être à ressortir sans achat.
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