Les professeurs de sciences en Congrès pour actualiser leurs compétences sur le réchauffement climatique

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Avant la rentrée, ce sont les professeurs qui sont sur les bancs de l’école. C’est le cas des professeurs de sciences de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Un congrès est organisé ces mardi et mercredi à la faculté de Gembloux Agro-Bio Tech. L’objectif ? Actualiser ses connaissances, sur les sciences, en constant développement.

Michaël Terzo, président du Congrès des sciences, était ce matin invité sur La Première.

Ce congrès est destiné aux professeurs de science et de géographie du secondaire. Pourquoi ? Il faut faire évoluer la manière d’enseigner les sciences ?

"Oui, il faut continuer à la faire évoluer parce qu’elle évolue depuis toujours. On n’enseigne plus à l’heure actuelle comme on enseignait il y a 50 ans. On utilise beaucoup plus les pédagogies actives, on développe davantage l’esprit critique chez les élèves et chez les étudiants, on développe davantage les compétences, on évalue davantage sous forme de compétences plutôt que de savoir ou de savoir-faire. Ça continue à évoluer, évidemment".

Il y a un thème à ce congrès : les solutions pour demain, notamment concernant le changement climatique.

"Les sciences pourront peut-être apporter les solutions pour demain. Ce n’est pas certain, ça va dépendre de beaucoup de choses. D’abord, est-ce que la dégradation de notre environnement et ce qui cause ce changement climatique pourra être inversée grâce aux sciences ? On ne le sait pas.

Tout ce qu’on sait, c’est que si on ne fait pas de recherche, on ne risque pas de trouver quelque chose. Or, pour faire de la recherche, il faut des financements. Et donc, pour pouvoir peut-être espérer que les sciences trouvent des solutions pour inverser le réchauffement climatique et la dégradation de la biodiversité, eh bien, il faut que les politiques se décident à investir massivement dans les sciences et dans ce type de recherche.

On l’a vu, ça a été le cas pour la crise du Covid, les États ont massivement investi dans la recherche pour le vaccin et on voit le résultat : en un an, on a trouvé un vaccin et la plupart des Belges, à l’heure actuelle, sont protégés contre les formes graves du Covid.

Les États-Unis ont investi massivement dans l’exploration spatiale et ont été ainsi les premiers à mettre les pieds sur la Lune. S’ils n’avaient pas investi, on ne l’aurait jamais fait. Voilà, c’est aussi une question de politique. Maintenant, il ne faut pas croire que la science va trouver des solutions à tout. Comme je le disais, on dégrade peut-être plus vite notre environnement que la vitesse à laquelle la science peut avancer pour trouver des solutions".

Investit-on assez dans les sciences ?

"Non, je crois qu’effectivement, la nature humaine est telle que tant qu’on ne voit pas le mur devant nous, on ne freine pas. Et donc là, aujourd’hui, on voit ce mur. On voit que le changement climatique, ça ne se passe pas qu’à l’autre bout du monde. On a vu ce qui s’est passé avec les inondations. On voit ce qui se passe à l’heure actuelle en France et dans le reste de l’Europe, avec tous les incendies de forêt. Tout cela est sinon directement lié, en tout cas corrélé avec ce réchauffement climatique".

Donc, durant ces deux jours de congrès, les professeurs de biologie, chimie, physique, géographie vont être sensibilisés à ce thème du changement climatique et des solutions pour demain ?

"Sensibilisés, ils le sont déjà, en tout cas, je l’espère. Ce que nous visons, ici, dans le congrès, c’est leur montrer ce que la science développe comme méthode, comme technique, comme découverte pour aller plus loin. Et notamment, on va parler énormément de l’importance des forêts dans la gestion du climat, ce que les forêts peuvent apporter en matière de captation du CO2, puisqu’on sait que le CO2 est le principal gaz à effet de serre et qu’il est corrélé à l’augmentation des températures moyennes sur la Terre.


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Non seulement les congressistes vont avoir des conférences données par des spécialistes mondiaux du domaine, mais en plus, ils pourront aller voir sur place, puisqu’on aura également des visites en forêt, des visites dans différentes entreprises et différents laboratoires de recherche dans lesquels on développe justement les méthodes actuelles pour limiter l’impact, par exemple, de l’agriculture sur le réchauffement climatique ou pour préserver nos forêts et notre biodiversité".

Vous enseignez vous-même dans une haute école. Est-ce que les sciences attirent encore les jeunes pour devenir professeur et les enseigner ?

"En haute école, malheureusement non. Pour tout vous dire, l’année passée, j’ai diplômé une étudiante, qui, cette année, enseigne en secondaire inférieur et c’est à peu près la même chose dans toutes les hautes écoles. Le nombre d’inscriptions pour devenir enseignant du secondaire inférieur dans les hautes écoles est extrêmement faible.

Il y a des tas de raisons à ça, ce n’est pas que le fait que les sciences n’intéressent pas. C’est aussi le métier qui n’intéresse plus, le métier d’enseignant, parce que c’est un métier éprouvant, peu gratifiant, puisqu’on a des étudiants qui ne sont pas tous – des étudiants ou des élèves – qui ne sont pas tous intéressés par les sciences quand on donne une conférence.

Moi je donne cours en haute école, par exemple, où je sais que je donne cours à des étudiants qui sont là pour apprendre un métier. Mais dans le secondaire supérieur comme dans le secondaire inférieur, on donne cours à des étudiants qui n’ont pas tous envie d’être là. Et ça, ce n’est jamais très gratifiant pour l’enseignant.

Ensuite, évidemment, les méthodologies changent. Il faut s’y adapter constamment. Les programmes changent, donc c’est un métier qui est perpétuellement en renouvellement et ça peut en effrayer certains".

 

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