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Les raisons de la nouvelle désillusion pour les Diables Rouges : une question de qualité, un manque de personnalité, les limites de Martinez

Nouvelle désillusion pour les Diables Rouges. Et maintenant on fait quoi?

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La défaite aux allures de débâcle a laissé des traces. Les Diables Rouges sont passés au révélateur de Bleus galvanisés, après la pause, par la crainte d’être battu par une équipe belge qui a finalement sombré de manière incompréhensible. Que s’est-il passé à la pause dans les deux vestiaires ? Nous n’y étions pas. Mais nous tentons alors une analyse, à froid, un petit tour d’horizon avec un collègue et un consultant du nord du Pays : Peter Vandenbempt (la voix du foot de la VRT), Eddy Snelders consultant VRT, Frédéric Larismont (chef foot et éditorialiste au "Soir") et Gilles De Bilde (ancien international et consultant VTM). Eux aussi gravitent autour des Diables Rouges depuis de longues années. L’heure est à la prise de hauteur. Et aux questions sur l’avenir de cette génération infructueuse.

Peter Vandenbempt, où se situe le problème des Diables Rouges dans leur incapacité à franchir systématiquement la dernière marche qui les sépare d’un titre ?

" Je note surtout un manque de qualité. Pour atteindre une finale, remporter des titres, il faut la qualité et la mentalité. J’avais l’impression conte la France que les Belges ont été bons avant la pause parce que les Français l’ont autorisé. Dès qu’ils ont pris le match en mains, mis la pression, on a vu une différence de qualité. Martinez a évoqué la peur de gagner, la pression… Nous avons des joueurs de qualité mais manifestement c’est insuffisant pour le plus haut niveau. Si tu compares aux Français, il est clair qu’il y a plus de joueurs de top niveau chez eux. L’Italie avait, elle, moins de qualité que nous lors du dernier Euro. Mais elle avait compensé par la grinta et une énorme mentalité. Et cette solidarité-là, on n’arrive pas à la trouver non plus dans les moments difficiles. "

Eddy Snelders, votre sentiment par rapport à cette même thématique ?

" C’est difficile d’expliquer pourquoi on craque toujours. Pourtant notre équipe est expérimentée… Au top niveau, la qualité de notre équipe n’est plus suffisante. Cela signifie que cette génération n’ira pas chercher le moindre prix. Nous ne disposons pas d’autant de choix que les grandes nations. Les qualités sont là à l’intérieur du noyau, mais quand tu dois aller chercher plus loin… C’est compliqué pour les remplaçants. On manque de qualité en général. Tielemans et Hazard qui sont deux cadres étaient un peu moins bien hier… Quand tout le monde est top, ça roule. Après c’est compliqué quand il y a des blessures ou des absents. "

Frédéric Larsimont ?

" Je ne parlerai pas d’un manque de qualité. Même si la France est passée en force après la pause. Le groupe Belgique est trop gentil. Il nous manque un leader. Comme l’on dit un " crapuleux " capable de placer deux ou trois tampons quand il le faut. Fellaini aurait pu être celui-là… Et avec lui nous n’aurions pas rencontré ces soucis. Qu’on ne vienne pas me dire qu’il joue dans un championnat qui ne vaut rien car Witsel et Carrasco étaient concernés. On souffre d’un manque de personnalité. Le groupe est un peu trop bien élevé. "

Gilles De Bilde, ça n’est plus un hasard, ces blocages des Diables Rouges…

" La mentalité, les choix tactiques… Je ne sais pas trop. Mais il y a un souci quelque part. Un souci de qualité, je ne crois pas. En première mi-temps, nous avons prouvé qu’elle était présente. Après la pause on n’a pas réussi à le faire. Roberto Martinez m’a dit hier que son équipe peinait à gérer la pression. On n’arrive pas à franchir un palier mental. Car les qualités physiques et tactiques sont là. Martinez dit que son équipe est supérieure à celle de 2018. Moi je ne vois pas d’évolution dans ce noyau. Quand les cadres sont moins bien, il n’y a pas assez de joueurs pour gérer une situation comme celle observée face à la France. "


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Et la suite, vous la voyez comment Peter Vandenbempt ?

" Pour moi, Roberto Martinez n’est pas la cause du problème mais il en fait partie. Je ne crois pas qu’avec un autre coach, la Belgique atteindrait un autre niveau. Cette équipe était à son sommet il y a 3 ans. C’était le moment de récolter quelque chose… Ce niveau, on ne l’atteindra plus. Il faut quelqu’un, et cette personne peut être Martinez, qui bouscule un peu ce groupe. Quelqu’un qui met le feu dans ce groupe. Tout le monde se satisfait de l’ambiance dans ce groupe… Mais de temps en temps il faut casser la baraque, jeter des chaises contre le mur… L’équipe de France, manifestement, a été capable de le faire à la pause. Martinez est un rassembleur qui prépare bien ses matches, mais il n’est pas toujours capable d’inverser le cours d’un match. Et c’est dommage. "

Eddy Snelders ?

" Le pic de cette génération est derrière elle désormais. Ce ne sera pas au Qatar, ni après que l’on pourra prendre un prix. "

Frédéric Larsimont, quel est votre regard par rapport à l’avenir de Roberto Martinez ?

" Quand on a décidé d’introniser Roberto Martinez, c’était pour apporter un plus tactique. Et ses matches sont bien préparés, la mise en place est là avec soin. Mais il est incapable d’apporter un grain de folie dans un match et faire basculer un match. Je l’ai trouvé apathique. Et dans les grands rendez-vous, son bilan renseigne plus d’échecs que de réussites. "


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Gilles De Bilde, en tant qu’ancien Diable Rouge, votre sentiment est lequel ?

" Changer de coach, je ne sais pas… Est-il trop gentil avec le groupe ? Est-il capable tactiquement de changer le cours d’un match ? Je ne sais pas trop. Mais quelque chose doit changer si on veut être combatifs au Qatar. Peu de gens croient encore cette équipe capable d’un exploit. Le changer maintenant c’est aller sans doute aller trop loin. Mais le temps est à l’analyse. C’est sûr. "

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