Selon Donald Vinh, professeur agrégé, Département de médecine, Division des maladies infectieuses à la McGill University de Montréal, le danger des maladies fongiques pour l’humain sont réels : "La combinaison du changement climatique, des progrès de la médecine et des antifongiques limités est la recette parfaite pour un fléau fongique."
"Les champignons s’adaptent déjà à des températures plus chaudes et étendent leur emplacement, ce qui entraîne davantage d’infections."
"Pendant ce temps, les progrès de la médecine conduisent à des patients plus sensibles et les médicaments antifongiques disponibles perdent leur efficacité. Le fléau fongique n’est peut-être pas aussi flagrant qu’une pandémie virale, mais à travers les infections croissantes chez les humains à risque et la destruction subtile des cultures et de la faune, les ramifications pourraient être tout aussi dévastatrices."
- L’humain meurt déjà aujourd’hui à cause des pathogènes fongiques
"Il existe de nombreux champignons infectant le cerveau des êtres humains partout sur la planète, souvent avec des résultats dévastateurs", a déclaré à Sky News le professeur Elaine Bignell, leader mondial dans le domaine de la recherche sur les pathogènes fongiques humains. "Un certain nombre d’espèces fongiques sont des agents pathogènes assez importants et tuent des centaines de milliers de personnes chaque année, c’est juste que le public n’en est pas bien conscient."
Cependant, même si un champignon nous infecte, nous ne deviendrons pas un zombie pour autant. Une idée soutenue par la Professeure Elaine Bignell, leader mondial dans le domaine de la recherche sur les agents pathogènes fongiques humains à Sky News : "Certains champignons peuvent être transmis d’une personne à l’autre – et dans l’environnement, nous y sommes exposés tout le temps – mais il faudrait une variante très importante pour pouvoir provoquer le genre d’événement d’extinction d’espèces qu’ils dramatisent [dans la série]."
- Infection oui, zombie non
Mais on ne devrait pas arriver à un scénario catastrophe équivalent à celui de The Last of Us où la majorité de l’humanité est décédée ou transformée en zombie.
Comme Charissa de Bekker, experte en champignons parasites et professeure adjointe à l’Université d’Utrecht aux Pays-Bas, dans un article de le NRC Handelsblad, l’explique, le champignon qui pourrait un jour nous infecter n’aura pas les "outils pour aller manipuler notre cerveau". Ces champignons ont effectivement développé des stratégies pour manipuler des insectes hôtes spécifiques mais ce processus à durer des millions et des millions d’années. Chaque espèce ne sait infecter qu’un seul insecte en particulier.
Dans le jeu et la série, les cordyceps (champignons) envahissent le cerveau de l’hôte ce qui n’est pas du tout le cas dans la nature où, comme l’explique David Hughes, professeur de sécurité alimentaire à Penn State, "les champignons zombies évitent en fait le cerveau et manipulent le comportement avec des signaux chimiques". Une découverte est assez récente et qui n’a été publiée qu’après la sortie du premier jeu et soutenue par Charissa de Bekker pour Vox : "Nous pensons que ce champignon sécrète certains produits chimiques qui peuvent se lier ou interagir avec des récepteurs ou d’autres types de protéines qui sont liés au système nerveux, et donnent normalement lieu à différents comportements."
- Le changement climatique pourrait-il avoir un impact ?
Il existe quelque 150.000 espèces de champignons identifiées dans le monde, (on estime qu’il en existerait des millions), et très peu ont les capacités pour faire face à la température de 37 °C ainsi qu’aux autres conditions imposées par le corps humain (système nerveux, physiologie, …).
Cependant, comme le soutient William C. Beckerson, chercheur postdoctoral qui étudie les Ophiocordyceps à l’Université d’Utrecht, à Inverse : "une des conséquences indirectes du réchauffement climatique est en effet l’émergence de nouveaux pathogènes fongiques". En effet, selon l’expert, à mesure que les températures environnementales se rapprochent de 37 degrés (la température corporelle des humains), les humains deviennent de plus en plus probablement un candidat hôte pour les agents pathogènes fongiques, "les micro-organismes comme les champignons sont particulièrement bons pour s’adapter à l’augmentation des températures et à un rythme étonnamment rapide".
Il ne faut donc jamais dire jamais, "peut-être que certains [champignons] pourraient potentiellement faire cette transition d’un mode de vie à un autre et devenir pathogènes dans un contexte auquel nous n’avions pas pensé auparavant", conclut le professeur Bignell.