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Les résidences d’artistes, le nouveau filon des galeries d’art

L’exposition "Mettere al mondo il mondo", qui se tient jusqu’au 28 janvier dans la galerie napolitaine de Thomas Dane, comporte des œuvres conçues par Abbas Akhavan, Abraham Cruzvillegas et Ser Serpas durant leur résidence à la Villa Ruffo.

Photographie Courtesy of Thomas Dane Gallery ©

Créer pendant quelques mois en toute liberté, sans se soucier des factures à payer : voilà le rêve de nombreux plasticiens. Ils peuvent le réaliser grâce aux résidences d’artistes. Si ces lieux de création ont longtemps été l’apanage des pouvoirs publics, de nombreux galeristes lancent les leurs pour conquérir ou garder les grands noms de l’art contemporain.

De l’Espagne au Japon, en passant par l’Italie et la Chine, des résidences d’artistes ont fleuri partout dans le monde ces dernières années. La plupart proposent des séjours de toutes sortes (d’un mois à un an) à des plasticiens désireux de sortir de leur zone de confort, trouver l’inspiration ou mener à bien un projet en toute tranquillité. Parmi elles, citons la Villa Médicis à Rome, la Casa de Velázquez à Madrid, la Villa Hegra à AlUla ou encore la Villa Kujoyama à Kyoto.

A cela s’ajoutent de nouvelles résidences privées sponsorisées par des mastodontes du marché de l’art. Emmanuel Perrotin a ainsi invité la peintre sud-coréenne GaHee Park et la sculptrice américaine Genesis Belanger à séjourner, l’été dernier, dans sa résidence secondaire du Cap-Ferret, selon ARTnews. Elles ont pu pratiquer leur art au bord du bassin d’Arcachon et, surtout, organiser l’exposition "Finger Bang", en septembre dernier dans la galerie parisienne Emmanuel Perrotin. Plusieurs artistes dont le travail a été exposé dans cette présentation collective ont aussi pu séjourner momentanément dans la demeure girondine du marchand d’art, d’après la publication spécialisée.

D’autres galeristes de renom comme le Londonien Thomas Dane, la Brésilienne Nara Roesler et la New-Yorkaise Catinca Tabacaru ont lancé leurs propres résidences pour offrir une parenthèse dorée à des artistes d’horizons divers. Mais les pionniers du genre ne sont autre que Manuela Hauser et Iwan Wirth, le couple de marchands suisses implanté dans une quinzaine de lieux dans le monde. Depuis 2013, ils hébergent temporairement des créateurs triés sur le volet dans une ancienne ferme en plein cœur du village anglais de Bruton. Rashid Johnson, Mark Wallinger, Pipilotti Rist et Christina Quarles ont tous séjourné dans cette grande bâtisse, située non loin de l’espace d’exposition que Hauser & Wirth a inauguré en 2014 dans le Somerset. La plasticienne canadienne Allison Katz est la dernière en date à s’y être installée.

 

Un outil de rayonnement

Pour Hauser & Wirth et ses concurrents, ces résidences servent surtout à trouver de nouveaux poulains qui feront grossir leur écurie de talents. Dans cette optique, la méga-galerie suisse avait lancé, en 2017, un programme d’échanges entre les étudiants du California Institute for the Arts aux Etats-Unis et ceux de la Bath School of Art and Design en Angleterre. La plasticienne sino-américaine Sichong Xie avait ainsi été invitée à séjourner dans la résidence de Hauser & Wirth dans le Somerset pendant trois mois, tandis que la Britannique Fiona Haines a temporairement élu domicile en Californie.

Pour les artistes sélectionnés, ces résidences sponsorisées par des galeries sont un contexte propice à la création et au réseautage. D’autant plus que les pensionnaires ne sont souvent soumis à aucune obligation de résultat. "Nos résidences sont généralement très peu contraignantes. Nous n’exigeons pas une exposition complète et achevée ou un résultat final précis. Nos résidents sont invités à venir et à simplement réfléchir [à leur pratique artistique]", a expliqué Federica Sheehan, directrice de l’adresse napolitaine de la galerie Thomas Dane, à ARTnews.

Mais cela n’empêche pas les marchands d’art de mettre en valeur les travaux que leurs pensionnaires ont réalisés durant leur séjour. La preuve avec "Mettere al mondo il mondo". Cette exposition collective, qui se tient jusqu’au 28 janvier dans la galerie napolitaine de Thomas Dane, comporte des œuvres conçues par les plasticiens Abbas Akhavan, Abraham Cruzvillegas et Ser Serpas durant leur résidence à la Villa Ruffo. De son côté, Emmanuel Perrotin a choisi d’exposer (et de proposer à la vente) les pièces que GaHee Park a imaginées pendant son séjour dans sa résidence du Cap-Ferret durant la dernière édition londonienne de la foire d’art contemporain Frieze.

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Qu’elles soient sponsorisées par une galerie ou publiques, les résidences d’artistes sont, avant tout, un outil de rayonnement dans un secteur toujours plus compétitif et en demande de renouveau. Les bénéfices en termes de communication reviennent tant aux pensionnaires, qui peuvent mentionner leur séjour dans une résidence artistique dans leur CV, qu’à leurs hôtes. L’Américaine Christina Quarles venait de terminer sa résidence dans le Somerset chez Hauser & Wirth quand son tableau Bit’s n' Pieces (2019) a été adjugé à 1,59 million de dollars chez Sotheby’s à New York. Quelques mois avant son départ pour l’Angleterre, sa toile The Night That Fell Upon Us Up On Us (2019) s’était vendue à 4,5 millions de dollars chez Sotheby’s. De quoi donner une aura supplémentaire à la résidence artistique de la méga-galerie suisse, même si sa réputation dans le milieu n’est plus à faire.

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