Avec le retour des beaux jours, vous croiserez plus de vélos sur les routes. Mais certains automobilistes ont perdu l’habitude de la cohabitation avec les deux-roues, et surtout, ils ne connaissent pas toujours les évolutions du Code de la route. Comme le principe des rues cyclables, par exemple.
Vendredi, le GRACQ, l’ASBL qui représente les cyclistes et défend leurs intérêts, a mené une action de sensibilisation rue Notre Dame, où un automobiliste a renversé un cycliste il y a quelques jours. Au beau milieu d’une rue cyclable. Le principe de ces voies reste encore méconnu, constate Denis Lobet, membre du GRACQ.
Une rue cyclable, c’est une rue où les vélos ont la priorité, et où les voitures sont tolérées. C’est une rue à 30 km/heure, où les vélos peuvent rouler où ils veulent, et où les voitures ne peuvent pas les dépasser.
La ville de Namur en compte cinq. La méconnaissance peut entraîner des incompréhensions ou de la frustration, qui débouchent parfois sur des comportements agressifs, voire violents.
Boris circulait dans cette rue quand un automobiliste l’a renversé voici une dizaine de jours. Résultat : entorse, élongation, hématome profond sur le tibia, torticolis, un repos forcé, et des interrogations. "La voiture a buté contre mon vélo, a repris un peu d’élan et est repartie en trombe sans demander son reste. J’ai eu le sentiment d’être comme un insecte sur un pare-brise. Un coup d’essuie-glace et on n’y pense plus. Je vis souvent des comportements agressifs dans mes déplacements à vélo, mais à ce point, j’ai du mal à comprendre."
Si des efforts sont faits, notamment lors de chantiers de réaménagement de la voirie, le chemin est encore long. "Aujourd’hui, il faut bien constater que les aménagements sont conçus prioritairement pour la voiture, tout vient conforter ce sentiment d’être en territoire conquis" poursuit Boris.
Une meilleure connaissance du principe de ces rues, au nombre de cinq à Namur, permettrait d’éviter les malentendus.
La ville, consciente du problème, veut renforcer la signalisation verticale, c’est-à-dire les panneaux, par une signalisation horizontale, au sol. Mais la police craint que le marquage ne rende la zone glissante. Elle doit encore mener son étude, notamment en allant voir ce qui se fait dans d’autres communes. L’échevine Stéphanie Scailquin, en charge de la mobilité, compte sur un nouveau marquage au sol pour l’été.
Pour le GRACQ, il faut aller plus loin. "Nous sommes très contents d’avoir ces rues en ville" explique Denis Lobet. "Mais il faut les aménager correctement. Avec des marquages au sol, mais aussi le placement de ralentisseurs, pour faire respecter les 30 km/heure, une meilleure signalétique et des panneaux didactiques très explicites, plus visibles." Pour bien faire comprendre aux automobilistes où ils se trouvent.
Selon le dernier baromètre de la sécurité routière de l’institut Vias, sur les 521 personnes qui ont perdu la vie en Belgique en 2022, plus d’une victime sur trois était un piéton ou un cycliste.
Pour Boris Vranken, renversé rue Notre Dame, il faut surtout une réflexion à plus grande échelle. "Il faut réfléchir dans une perspective plus large. Je m’interroge sur la cohérence de certaines mesures, comme créer un grand parking souterrain dans le centre-ville et vouloir un piétonnier dans ce même centre-ville. Si on continue d’amener les voitures au centre-ville et de leur faciliter la vie, tout en prenant dans le même temps des mesures qui vont les ennuyer, ça va générer plus de conflits et ça n’aidera pas à l’installation de la mobilité douce."