Elle y explique que chez les malades tout d'abord, les codes sociaux liés aux genres féminin et masculin influencent l'expression des symptômes, le rapport au corps, le recours aux soins. Chez les personnels soignants, les préjugés liés au genre sont par ailleurs susceptibles de jouer sur l'interprétation des signes cliniques et la prise en charge des pathologies.
Les maladies dites "féminines" ou "masculines" semblent en être un bon exemple. Les femmes sont plus vulnérables que les hommes aux maladies cardiovasculaires : 56% en meurent contre 46% des hommes.
Or l'infarctus du myocarde est encore sous-diagnostiqué chez les femmes car considéré à tort comme une maladie d'hommes stressés au travail.
Et les femmes souffrent certes en moyenne deux fois plus de dépression que les hommes. Mais la raison principale n'est pas due aux hormones féminines, comme cela a été longtemps prétendu. Des recherches ont montré que la différence entre les sexes dans la prévalence de la dépression varie en fonction de l'environnement socio-économique.
D'autres maladies, qui relèvent de la santé sexuelle et reproductive des femmes, sont aussi mal prises en compte. Ainsi l'endométriose, désormais reconnue, a longtemps été sous-diagnostiquée, notamment parce qu'elle renvoyait au tabou des règles. "Ce n'est qu'en 2020 que cette maladie a été incluse dans le 2e cycle des études de médecine", regrette Catherine Vidal, qui appelle de ses vœux un effort important de formation des professionnels de santé sur les questions de genre.