Belgique

Les syndicats grondent en cette journée de manifestation : "Aujourd’hui, même lorsque l’on travaille à temps plein, on ne parvient plus à payer ses factures"

L'invitée: Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC

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Ce vendredi, les syndicats organisent une manifestation nationale en front commun. Un mois après la grève générale du 9 novembre dernier, le front commun syndical appelle aujourd’hui à nouveau à protester contre la hausse des prix de l’énergie, le blocage des salaires ou encore la suppression annoncée de certains crédit-temps.

La crise sociale et économique ainsi que les envolées des coûts de l’énergie tendent le rapport de force entre les syndicats, le patronat et le gouvernement. Quelles sont les priorités ? Ce matin Marie-Hélène Ska, la secrétaire générale de la CSC, était l’invitée de Matin Première.

Des avancées insuffisantes

Marie-Hélène Ska, la secrétaire générale de la CSC, estime aujourd’hui que les avancées obtenues cet automne ne sont pas suffisantes : "On a observé une sourde oreille persistante. Nos revendications n’ont pas changé. Aujourd’hui les factures restent difficiles à payer. On ne peut pas se passer de chauffage. La solution n’est pas de demander à la population de mettre des couvertures en plus chaque fois qu’il y a des degrés en moins. Nous pensons qu’il est possible de trouver des moyens de plafonner le prix du gaz et cette folle envolée de l’énergie".

Face à la montée des prix de l’énergie, le gouvernement avait promis plusieurs coups de pouce financiers pour alléger les factures des ménages : réduction de 21% à 6% de la TVA sur le gaz et l’électricité, tarif social étendu et chèque de 100€ sur la facture d’électricité. Les syndicats réclament aujourd’hui le plafonnage des prix de l’énergie. A la question de savoir si les finances publiques peuvent se permettre de jouer sur ces deux tableaux, la secrétaire générale de la CSC répond : "Peu importe la technique, qu’on vous donne un chèque ou qu’on vous garantisse que votre prix n’augmentera pas de manière déraisonnable, ce qui compte pour les uns et pour les autres, c’est de savoir combien je vais payer et ce qu’il se passe lorsque j’ouvre la vanne de mon radiateur. L’imprévisibilité, aujourd’hui, ce n’est plus possible".

Le gouvernement fédéral avait également annoncé un accord sur les salaires permettant aux entreprises bénéficiaires d’octroyer des primes allant jusqu’à 500 euros à leurs salariés, à condition qu’un accord sectoriel soit conclu à cet effet. Pour Marie-Hélène Ska, cette situation est "dommageable" : "Cette prime sera disponible dans le meilleur des cas en mai juin 2023. Et elle ne visera qu’une toute petite partie des travailleuses et des travailleurs et pas celles et ceux dont les salaires sont les plus faibles".

La secrétaire générale de la CSC a également rappelé la nécessité de la prise en charge de ces questions par l’Union Européenne : "Nous sommes convaincus que l’Europe doit intervenir à ce niveau-là. Il y a des accords européens sur la fourniture de gaz. C’est évidemment bien plus facile si on peut trouver des solutions au niveau européen. Mais à défaut de solutions européennes, nous devons trouver des mesures ici en Belgique".

Nous serons encore en action aussi longtemps qu’il le faudra pour trouver des solutions sur les prix de l’énergie.

Une réforme fiscale attendue par les syndicats

Si une réforme fiscale était normalement attendue pour la fin de l’année, il a finalement été annoncé qu’elle serait reportée au contrôle budgétaire du printemps. Pour les syndicats, il y a urgence. "Si nous voulons demain avoir un bouclier tarifaire pour l’énergie, il faut qu’il y ait des recettes fiscales qui rentrent au niveau de l’état. Aujourd’hui, l’Europe demande des réformes structurelles à la Belgique. Ces mesures prises à destination des entreprises sont chaque fois des diminutions de cotisations, et donc des moindres recettes pour l’état. Si on ne va pas chercher des recettes nouvelles, nous sommes collectivement condamnés à une austérité permanente et plus grave encore, nous allons condamner les générations futures puisque nous ne pourrons pas enclencher la transition nécessaire" explique Marie-Hélène Ska.

Enfin si leurs revendications ne sont pas entendues en ce jour de manifestation nationale, de nouvelles actions syndicales sont à prévoir. "Nous serons encore en action aussi longtemps qu’il le faudra pour trouver des solutions sur les prix de l’énergie" conclut la secrétaire générale de la CSC.

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