Comme chaque hiver, le jardin est à nouveau parsemé de monticules de terre. Les froids ont contraint les taupes à creuser ou rénover des galeries plus profondes. Avec leurs taupinières, elles se rappellent au bon souvenir des jardiniers. Que faire ?
Dans le gazon, de la terre finement émiettée ruisselle sur les flancs d’un mini-volcan. Quelques centimètres plus bas, une taupe constitue le réseau de galeries où elle chassera les lombrics de passage. La taupe creuse d’une seule patte, appuyant son corps contre la paroi du boyau pour rejeter la terre derrière elle. Elle se retourne pour évacuer les déblais. Avec ses pattes, elle assène des coups de butoir et pousse la terre vers l’arrière de la galerie. Le convoi est dirigé dans une cheminée verticale creusée auparavant. Direction la surface où la taupinière, ainsi alimentée de l’intérieur, ne tarde pas à s’élargir et à désespérer davantage le jardinier.
Que faire des taupinières ?
Privé de lumière sous la butte, le gazon jaunit, puis meurt et se décompose. Une action tardive laisse donc des auréoles brunes disgracieuses. L’idéal est d’étendre sans tarder la terre avec un râteau. L’herbe poussera au travers.
Cette terre finement émiettée peut servir à la préparation d’un substrat pour les rempotages des plantes d’intérieur et autres cultures en pot… Un tiers de terre, un tiers de compost tamisé et un tiers de sable de rivière, voilà la formule toute simple d’un substrat riche, humifère et drainant.
Les trucs et astuces pour éloigner les taupes
Comment éviter les dégâts des taupes ? Les remèdes de grand-mère sont légion. Ils n’ont pas attendu les réseaux sociaux pour circuler intensément de bouche-à-oreille et se perpétuer au fil des générations… malgré leur inefficacité.
Enfouir dans les galeries des crottes d’animaux, des poils de chien, des coquilles de moules pour dégager des odeurs faisant fuir les taupes.
L’animal isole avec des bouchons de terre les galeries touchées et étend plus loin son réseau, faisant apparaître de nouvelles taupinières.
Enfiler des tiges de rosiers dans les galeries afin de griffer la taupe et la faire mourir par hémorragie.
Contrairement à ce qui souvent dit, la taupe n’est pas hémophile. Elle va isoler les galeries touchées et en creuser de nouvelles. Si on a enterré des éclats de bouteille en verre, ils pourraient ressortir un jour du sol et blesser des enfants jouant pieds nus.
- Cultiver au jardin l’euphorbe épurge (Euphorbia lathyris).
La présence de cette belle plante au jardin n’a aucune action contre les taupes. On la pense répulsive, mais on a en fait oublié son usage ancien. On introduisait des tiges dans les galeries pour brûler le groin de la taupe avec le latex qui apparaît. Sans effet. La taupe à l’odorat puissant ne s’approche pas des éléments étrangers et isole les galeries touchées.
Allo, le taupier ?
Des jardiniers finissent par appeler un taupier. Les professionnels du piégeage, une activité souvent pratiquée de père en fils, travaillent selon le principe d’un abonnement annuel. Dès qu’une taupe est signalée, le taupier place ses pièges. Une fois un jardin débarrassé des taupes, il ne doit plus piéger qu’en périphérie les individus qui s’aventurent depuis les parcelles voisines dans ce territoire libre.
Notre conseil : vivre avec les taupes
La taupe fait partie de la biodiversité présente au jardin. Aujourd’hui, on ne jardine plus contre la nature, mais plutôt dans le but de favoriser sa présence. La richesse de la vie sauvage et les observations qu’elle permet font partie des joies offertes par le jardin, saison après saison.
Après les travaux à son réseau de galeries au sortir de l’hiver, la taupe sera bien plus discrète au cours de la belle saison. L’une ou l’autre taupinière n’apparaîtra que si une réparation ou un extension est réalisée.
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Optimisez la biodiversité dans votre jardinJe ne voulais pas publier une photo de taupe comme on en voit tant sur internet ou dans les magazines. L’animal tué par piégeage est maladroitement mis en scène au sommet d’une taupinière, comme s’il sortait la tête et les pattes de devant pour prendre l’air. Voici plutôt un cliché de taupe bien vivante. Elle s’était aventurée dans la cave de la maison en passant par le soupirail qui affleure le gazon. Elle devait être affamée. Je lui ai offert des vers de terre qu’elle a engloutis à toute allure, comme des macaronis que l’on aspire. Relâchée dans un terrain vague du voisinage, elle a pénétré dans le sol en quelques secondes.
Sept infos véridiques concernant la taupe
- La taupe est solitaire. Au printemps, les mâles en rut creusent intensivement des galeries dans l’espoir de pénétrer dans le réseau d’une taupe femelle. Ils doivent arriver au bon moment sous peine d’être chassés : la femelle n’est en chaleurs que durant 20 à 30 heures.
- Des scientifiques ont mesuré la vitesse de déplacement de la taupe dans une galerie : un mètre par seconde, soit 3,6 km/h.
- Chassées des galeries maternelles, les jeunes taupes partent en surface à la recherche d’un territoire libre. Elles sont capables d’escalader un mur et même de nager.
- La taupe aménage sous terre une chambre de repos de la taille d’un ballon de football qu’elle garnit de feuilles mortes, de mousse ou d’herbes sèches glanées en surface.
- Une taupe creuse ses galeries et/ou chasse ses proies durant 3-4 heures, puis s’assoupit dans son nid durant le même laps de temps. Elle dort profondément trois fois par période de 24 heures.
- En prévision de l’hiver, la taupe qui n’hiberne pas accumule dans une chambre des dizaines de lombric dont elle a sectionné la tête. Ils restent vivants durant des semaines, mais ne se déplacent plus.
- Une taupe ne vit que 3-4 ans. C’est l’usure extrême de ses dents à cause de la terre contenue dans les lombrics qu’elle consomme qui entraîne son dépérissement par sous-alimentation.