Taïwan ne cédera pas aux pressions de la Chine et défendra son système démocratique, assure ce dimanche la présidente Tsai Ing-wen, après un nombre record d’incursions d’avions militaires chinois près de l’île ces derniers jours.
Des démonstrations de force qui font monter la tension entre Pékin et Taipei et qui inquiètent les Taïwanais. Ils craignent de plus en plus de se faire un jour annexer par leur puissant voisin. La présidente taïwanaise répond fermement en ce jour de fête nationale aux propos menaçants de son homologue chinois Xi Jinping qui vient d’appeler une réunification avec ce que Pékin considère comme une province dissidente.
Simulation d’invasion
Les 23 millions d’habitants de Taïwan vivent sous la menace constante d’une invasion de la Chine, 60 fois plus peuplée, qui tient ce territoire comme une de ses provinces et menace de recourir à la force au cas où l’île proclamerait formellement son indépendance.
Par endroits, seuls 130 km de mer les séparent. C’est le détroit de Taiwan. Pour les Taiwanais, la moitié leur revient. C’est leur zone d’identification de défense aérienne, plus vaste en réalité que leur espace aérien. Ils ont tracé une ligne pour fixer leur domaine. Et c’est cette ligne médiane que de plus en plus d’avions militaires chinois franchissent ces derniers jours. Un nombre record : de vendredi à lundi dernier, 150 avions de guerre chinois, dont des bombardiers à capacité nucléaire.
Depuis le début de l’année, plus de 600 avions des forces aériennes chinoises ont été détectés dans cette zone d’identification de défense aérienne de Taïwan. En 2020, 380 avions avaient été comptés.
Clairement des provocations, des intimidations, du harcèlement, presque une simulation d’invasion. Juste pour voir comment réagissent les Taïwanais. Qui restent lucides.
A notre avis, 2025 est l’année où les Chinois auront les capacités d’invasion les plus complètes
Pour le ministre de la Défense de Taïwan, Chiu Kuo-cheng, c’est la "plus sombre" situation qu’il a jamais rencontrée en 40 ans de carrière : "Pour ce qui est d’envahir Taïwan, la Chine possède actuellement ces capacités-là. Nous devons réfléchir aux conséquences. Nous ne voulons pas faire de provocation, mais si nous les irritons, c’est comme irriter quelqu’un qui emploierait tous les moyens à sa disposition lorsqu’il est irrité. Donc, à notre avis, 2025 est l’année où ils auront les capacités d’invasion les plus complètes".
Taïwan, un oiseau pour le chat
Voilà donc un ministre de la Défense qui prédit que son pays risque de se faire envahir d’ici 3 ou 4 ans.
Il faut tout de même préciser que le ministre s’exprime devant une commission parlementaire qui discute de son budget. Il est question d’investir des milliards dans des systèmes de missiles et dans des navires de guerre. Le ministre doit donc convaincre du bien-fondé de toutes ces dépenses.
Ce risque d’invasion est cependant bien réel, pour deux raisons.
Tout d’abord, la Chine a toujours laissé entendre qu’elle voulait récupérer Taïwan, qu’elle considère comme une province renégate depuis qu’elle a fait sécession en 1949. Et dans son discours, Pékin exclut de moins en moins le recours à la force pour cela.
Ensuite le risque est là car, comme le ministre le notait, les tensions montent.