C’est le grand jour pour la jeune tortue caouane baptisée Arthur. Après un an et demi de convalescence dans les bassins du centre de soin, Arthur va retrouver la liberté. La liégeoise Léa Christiaans apprend à ses côtés depuis plus d’un mois. "Je fais une formation de soigneur animalier pour pouvoir travailler en centre de soin, parce que je trouve ça très gratifiant de pouvoir relâcher les animaux après les avoir soignés."
Les tortues juvéniles dont Léa Christiaans s’occupe sont recueillies au centre de soins de Kelonia après avoir été capturées accidentellement par des pêcheurs à la palangre dans les eaux réunionnaises.
C’est une énorme satisfaction pour les équipes lorsque l’on parvient à les relâcher, et en plus lorsqu’elles partent avec des balises qui vont permettre de récolter des informations
Ici, chaque pensionnaire a son histoire, et son menu individualisé. Une fois remises de leur blessures, les tortues sont stimulées jusqu’à récupérer suffisamment de vitalité pour retrouver la vie sauvage.
"Aujourd’hui, on peut dire qu’Arthur est guéri. C’est le vétérinaire qui décide du bon moment pour relâcher une tortue. Sa courbe de croissance est bien remontée, et elle a des paramètres sanguins qui sont bons, on lui a fait une prise de sang. On va donc pouvoir la relâcher", s’enthousiasme Stéphane Ciccione, le Directeur de Kelonia. "Certaines tortues ne survivent pas à leur blessure malgré les soins qu’on leur prodigue, c’est donc une énorme satisfaction pour les équipes lorsque l’on parvient à les relâcher, et en plus lorsqu’elles partent avec des balises qui vont permettre de récolter des informations, et de les suivre pendant plusieurs mois encore!"
Arthur fait en effet partie des 5 tortues équipées cette semaine. Grâce à la balise fixée sur sa carapace, l’animal récoltera pendant près d’un an, des données cruciales pour mieux comprendre la formation des cyclones.
"Comme les tortues sont des espèces migratrices, elles vont parcourir l’océan, celles-ci vont probablement remonter vers Oman, elles vont pouvoir récupérer des données de températures en surface, mais également pendant leur plongée. Ce sont des informations qui intéressent particulièrement les météorologues, les océanographes. En Afrique du Sud, des tortues luth ont été également équipées, aux Comores, et aux îles éparses donc sur Europa et Tromelin une dizaine de tortues équipées et relâchées", détaille Anne Barrat, Ingénieure de recherche et responsable des balises pour le projet STORM.
Les tortues marines ont l’avantage de repousser les limites des technologies satellites déployées jusque là, quelque soit la couverture nuageuse. Au cours de leur migration, trois tortues équipées depuis le début du projet, ont traversé ou sont passées à proximité de systèmes dépressionnaires. En mars 2019, une tortue est restée plusieurs jours à proximité de la zone de formation du cyclone Kenneth. En avril 2020, une autre tortue est restée plusieurs jours près de l'œil du cyclone, et une deuxième tortue dans sa zone d’influence.