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Les trous noirs : la frontière ultime de la connaissance humaine

Vue artistique d’un trou noir publiée le 11 novembre 2021 par l’Observatoire européen austral

© Handout

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Par RTBF avec AFP

Une "porte de l’enfer" qui interroge l’Homme sur son origine et son destin : c’est ainsi que l’astrophysicien Heino Falcke décrit les trous noirs, un objet astronomique singulier, dont il a contribué à prendre la première photo historique.

"En principe ce sont les objets les plus simples de l’Univers, plus simples qu’une cellule, parce qu’ils sont définis par seulement deux chiffres, leur masse et leur vitesse de rotation", explique le Pr Falcke, qui publie "Lumière dans l’obscurité".

Pourquoi et comment ça a commencé : des questions non répondues

Pourtant, pour ce scientifique allemand doublé d’un homme de foi, les trous noirs représentent aussi, avec le Big Bang, un exemple de "frontière ultime" à la connaissance humaine, sans certitude que la science en trouve un jour la clé.

"La physique a une capacité extraordinaire à expliquer le fonctionnement du monde, mais pourquoi il fonctionne et comment il a commencé à fonctionner sont des questions auxquelles la physique ne peut répondre", selon lui.

Naissance d’un trou noir

Pensés par la théorie, mais ne pouvant être "vus", les trous noirs naissent de l’effondrement du noyau d’une étoile sur lui-même. Dans certaines conditions, l’astre "se recroqueville de manière continue jusqu’à ce que sa masse se retrouve concentrée en un point unique d’une densité incommensurable", décrit l’ouvrage de l’astrophysicien.

Arrivé à ce stade, "rien de ce qui se trouve en lui ne peut lui échapper --matière, lumière, information, force". Et malheur au corps céleste qui s’en approche de trop près. Il finit déchiqueté puis absorbé par la force de gravitation du trou noir, sans espoir de retour.

Au bord du gouffre figure une zone appelée "horizon des évènements" : l’absorption de matière en chauffe les restes dans une spirale de plasma brillant.

On estime à une centaine de millions le nombre de trous noirs dans notre Voie lactée. Une goutte d’eau comparée aux centaines de milliards d’étoiles qu’elle contient.

Que se passe-t-il dans un trou noir ?

Les théories actuelles de la physique sont incapables d’expliquer ce qui se passe à l’intérieur de ces "cimetières d’étoiles".

Qualifier l’objet de "porte de l’enfer", c’est utiliser une image de l'"au-delà", car cette "idée d’une ultime frontière, que l’on franchit et dont on ne peut revenir, est très humaine, très ancienne", remarque Heino Falcke.

Son ouvrage se conclut par un rappel des limites de la science, discipline qui contient intrinsèquement une part d’incertitude, laissant ainsi à l’Homme une part de liberté dans son destin : "Nous ne sommes pas des esclaves des lois naturelles", dit-il.

Le scientifique juge également indispensable de conserver une certaine "humilité" face aux promesses du progrès. "Nous sommes devenus ivres des mirages de la technologie", déclare-t-il, jugeant nécessaire de se garder de ses "gourous", tels que l’entrepreneur Elon Musk.

Prédicateur protestant à ses heures, Heino Falcke juge par ailleurs absurde d’essayer de prouver par la science l’existence ou l’absence d’un Dieu.

Sceptique par nature et de par sa profession, c’est toujours la curiosité qui lui fait espérer, peut-être bientôt, lever le voile sur le trou noir supermassif trônant au cœur de notre galaxie : Sagittarius A*, dont l’ombre s’est jusqu’ici dérobée à tous les regards.

("Lumière dans l’obscurité". Heino Falcke avec Jörg Römer. Ed. Buchet-Chastel.)

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