Ce mercredi 1er mars 2023 à Dijon se tenait la 30e édition des Victoires de la musique classique, animées par Stéphane Bern, épaulé depuis les coulisses par Clément Rochefort, animateur chez France Musique. Retour sur une belle soirée de récompenses.
De jeunes et talentueux danseurs — sur une chorégraphie de Mehdi Kerkouche — ont investi les lieux sur la Danse des Sauvages des Indes Galantes (1735) du compositeur Jean-Philippe Rameau (1683-1764). Les styles se mêlent, le break dance semble s’inviter sur scène en la personne de Jakub Josef Orlinski qui a livré un spectacle haut en couleurs accompagné en musique par l’ensemble Matheus dirigé par le brillant Jean-Christophe Espinosi. Mehdi Kerkouche, a résumé son travail avec passion, confiant que son "objectif c’est de sauver la planète avec la danse" et partageant son bonheur de pouvoir travailler avec des professionnels mais aussi de jeunes talents.
La soirée qui se déroulait à l’Auditorium de l’Opéra de Dijon était menée par Stéphane Bern et mettait en lumière le "renouveau, le partage et l’excellence". L’ouverture de la Périchole (1868) et son Chœur de Fête ont ensuite démarré les festivités avec l’Orchestre de Dijon-Bourgogne et le Chœur de l’Opéra de Dijon, sous la direction de Sora Elisabeth Lee — cheffe assistante auprès de Klaus Mäkelä à l’Opéra de Paris — nommée dans la catégorie "révélation chef(fe) d’orchestre".
L’Ukraine n’a pas été oubliée durant cette soirée, avec un hommage au pays et la mise en lumière de musiciens ukrainiens accueillis au sein de l’Orchestre de Dijon-Bourgogne, dirigé par Debora Waldman, cheffe associée à l’Opéra de Dijon. La cérémonie a fait place à un moment de recueillement pour les personnalités de la musique classique qui nous ont quittés durant l’année écoulée, sur un puissant Lacrimosa de Mozart.
Du point vue des remises de prix, la soirée a débuté non sans accroc : les enveloppes ont été mélangées et Yann Quéffelec, grand auteur, amoureux de la musique classique et frère de la pianiste Anne Quéffelec, annonce par inadvertance le gagnant de l’avant-dernière catégorie de la soirée, celle de la "révélation, soliste instrumental", en première catégorie devant les fous rires nerveux des trois nommés de la première catégorie "soliste instrumental" : le violoniste Nemanja Radulović, la gambiste Lucile Boulanger et le pianiste Bertrand Chamayou, grand gagnant de cette première catégorie.
Quelques petites surprises sont apparues durant la cérémonie. Ainsi, Philippe Jaroussky, Renaud Capuçon, Nathalie Dessay et Karine Deshayes ont souhaité tour à tour un bel anniversaire aux Cérémonies des Victoires de la musique classique, se remémorant pour l’occasion de grands moments de télévision.
Au total, les Victoires récompensaient cette année pas moins de sept catégories. Retrouvez le palmarès complet ci-dessous :
Soliste instrumental
Tout juste sorti de scène avec sa Toccata du Tombeau de Couperin (1914-1917) de Maurice Ravel (1875-1937), le pianiste Bertrand Chamayou est récompensé — pour la troisième fois dans sa carrière — d’une Victoire de la musique classique pour la catégorie "soliste instrumental". Face à lui, la joueuse de viole de gambe Lucile Boulanger mais aussi le violoniste Nemanja Radulović.
Artiste lyrique
La mezzo-soprano Marina Viotti s’est vue décerner le prix de "l’artiste lyrique". Sur la liste des nommés, la mezzo-soprano de l’ensemble Jupiter Léa Desandre ainsi que la soprano et cheffe d’orchestre Barbara Hannigan. Emue par cette reconnaissance de son pays, la France, Marina Viotti a tenu a exprimé que : "La musique n’a pas de frontière, je voulais le dire vraiment, c’est très important".
Révélation, soliste instrumental
Si son nom avait été révélé par erreur au tout début de la soirée, le violoncelliste Aurélien Pascal n’en était pas moins ému à l’annonce de son nom. Lui qui a commencé le violoncelle en famille, avec sa mère, était nommé aux côtés du clarinettiste Joë Christophe ainsi que de l’accordéoniste Théo Ould. Le 4e prix du Concours Reine Elisabeth de violoncelle de 2017 a joué durant la soirée le Kol Nidrei de Bruch, accompagné de l’Orchestre et de Victor Jacob à la direction.
Révélation, artiste lyrique
Jakub Josef Orlinski était présent pour remettre le prix à la soprano Alexandra Marcellier.
Révélation, chef d’orchestre
C’est un ex aequo pour cette catégorie créée l’année dernière. Victor Jacob et Lucie Leguay remportent tous deux cette victoire.
Enregistrement
La catégorie "enregistrement" était cette année soumise au vote du public, additionné au traditionnel jury. C’est l’enregistrement "Matthäus-Passion" de Johann Sebastian Bach par l’ensemble Pygmalion (Raphaël Pichon, Sabine Devieilhe, Lucie Richardot, Stéphane Degout) chez Harmonia Mundi qui remporte ce prix.
Compositeur
Alex Vizorek remettait le prix du "compositeur". Benjamin Atahir avec Layal, Philippe Leroux avec son opéra L’Annonce faite à Marie étaient en lice avec Fabien Waksman et L’Île du temps, un concerto pour accordéon et orchestre symphonique, qui remporte ce prix.