Environnement

Les vignerons grecs s’essaient au vieillissement en rivière

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Par RTBF TENDANCE avec AFP

Loin de la mer et de tout lac, les producteurs ont choisi le lit de l’Arapitsa pour créer des celliers aquatiques et tenter le premier vieillissement d’un vin grec dans une rivière.

Sur la rivière Arapitsa à Naoussa, au nord de la Grèce, une grue plonge une caisse de métal remplie de 500 bouteilles de vin, que les viticulteurs locaux espèrent voir vieillir et se bonifier dans les eaux fraîches et limpides. Après avoir envoyé des bouteilles de vin dans l’espace, pourquoi ne pas les faire vieillir dans l’eau ? Bien que cela ne soit pas la première fois que l’expérience est faite dans le monde puisqu’un vigneron français l’a déjà fait au Pays basque et un viticulteur chilien a aussi tenté l’astuce il y a des années.

A 12 mètres de profondeur pendant 12 ans !

Les vignerons grecs s’essayent au vieillissement en rivière.
Les vignerons grecs s’essayent au vieillissement en rivière. © Sakis MITROLIDIS/AFP

Sous les chants traditionnels grecs, 22 vignerons regardent fièrement le procédé qui, pensent-ils, donnera des arômes différents à leur production de Xinomavro, une variété de raisin à peau foncée en majorité plantée dans le nord de la Grèce.

"Les bouteilles sont placées à 12 mètres de profondeur et nous voulons les garder là pour 12 ans au moins", explique Georges Fountoulis, le président de la coopérative de vins Vaeni Naoussa, qui représente 50% de la production de vins de la région. Un test annuel sera effectué pour vérifier l’évolution du procédé, précise-t-il.


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Plantées sur les pentes du mont Vermio, les vignes de Naoussa produisent essentiellement du Xinomavro, littéralement "acide noir", nommées ainsi en raison de la couleur sombre des grains et le taux d’acidité élevé de cette variété. Le Xinomavro est l’un des quatre principaux cépages de Grèce, avec l’Assyrtiko, le Moschofilero et l’Agiorgitiko.

Un "cellier aquatique" aux effets inconnus

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Environ 5500 tonnes de Xinomavro sont produites annuellement dans la région. "Naoussa est la ville du vin, la 'Bourgogne' de la Grèce comme on l’appelle ici", indique le maire de Naoussa Nikolas Karanikolas.

"C’est une expérience et nous allons attendre de voir comment l’identité du vin va évoluer dans ces conditions. Nos vignerons sont bien organisés, ouverts et toujours innovants. Ils exportent leurs vins dans plus de 45 pays", ajoute M. Karanikolas.

Les œnologues ne savent pas quel sera le résultat du test mais ils se montrent enthousiastes par l’ensemble du procédé. "Nous savons que l’oxygène est insoluble dans l’eau, nous estimons la température moyenne à 16 degrés Celsius", souligne l’œnologue George Diamantakos.

"La qualité de l’eau est excellente et nous voulons voir comment le soleil et l’environnement naturel de la rivière affecteront le vin."

La région est essentiellement constituée de petites productions familiales à la production limitée. Dans un passé proche, presque toutes les maisons faisaient leur propre vin. "On surnomme le Xinomavro le 'Barolo du pauvre' mais on est très fiers de nos produits", glisse Petros Karydas, en référence au célèbre vin d’Italie, dont le cépage principal est le Nebbiolo. M. Karydas s’occupe d’un domaine qui produit 12.000 bouteilles de vin par an et qui exporte au Royaume-Uni et aux Etats-Unis.

Une production vinicole menacée par l’évolution climatique ?

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Joachim Chrysochoou a lui aussi poursuivi la tradition familiale viticole au sein d’un domaine qui produit 350.000 bouteilles chaque année. Il fabrique l’unique vin blanc placé dans le cellier aquatique, issu du cépage Prekniariko, qui a repris vie dans ses vignes.

Mais sa fille Nana Chrysochoou, œnologue, est plus préoccupée par le changement climatique que par les résultats de cette expérience. "Année après année, nous voyons les conséquences néfastes du changement climatique sur nos vignes", s’indigne-t-elle.

"Cette année, nos pieds ont connu un véritable choc à cause de la canicule prolongée et de la sécheresse. Je ne sais pas si on pourra continuer à récolter dans 20 ans si les mêmes conditions climatiques se poursuivent", s’inquiète-t-elle.

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