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Les « Villas Mosanes », un témoignage du tourisme en bord de Meuse

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En bord de Meuse, essentiellement de Namur jusqu’à la frontière française, des bâtiments aux allures imposantes côtoient la nature verdoyante. Ces villas font partie intégrante de la vallée mosane depuis la fin du 19ème siècle.

À l’époque, grâce aux déplacements facilités par le chemin de fer, le tourisme va se développer partout en Europe. Ce penchant du voyage, qui se développe dans les strates aisées de la population européenne, entraîne directement un désir de posséder une maison de campagne, une " maison de villégiature ".

Cette habitation secondaire prend des formes bien différentes selon sa localisation : un cottage au large des côtes britanniques, une villa dans une station balnéaire française ou espagnole, un chalet en Suisse ou une " Villa Mosane "  le long de la Meuse.

Et cette partie de la région namuroise constituait un certain attrait pour des fortunes belges. À la fin du 19e siècle, la Haute Meuse compte peu de centres urbains d’importance et n’a pas connu de développement industriel comme dans le bassin de Charleroi ou en région liégeoise. Un avantage pour des citadins en quête de quiétude.

" Il y avait essentiellement des pâturages et des vergers à l’époque ", explique Guy Lacroix, guide au Musée de la Fraise de Wépion. " Et donc, ces grands bourgeois qui arrivent du sud de Namur ont eu la possibilité d’acheter relativement bon marché des grands terrains sur lesquels ils ont pu construire leur maison. Et ils avaient en face d’eux les coteaux de la vallée de la Meuse qui sont extrêmement verdoyants et naturels. À moins d’une heure de chez eux, ils étaient en pleine nature. "

Les villas mosanes

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Que reste-t-il de ces villas ?

L’apogée des Villas Mosanes se déroulera à la charnière du 19ème et du 20ème siècle. Selon Etienne Guillaume, historien de l’art et de l’architecture et auteur de " La Villa Mosane, une perle de notre patrimoine ", leur essor est brisé par des inondations catastrophiques au début du siècle et surtout, peu de temps après, par la Première Guerre mondiale.

Après la crise économique de 1929, les vacances vont peu à peu s’ouvrir aux populations moins privilégiées grâce aux congés payés et à la multiplication des voitures individuelles. Si de nouvelles bâtisses vont faire leur apparition le long de la Meuse, il s’agira plutôt de personnes souhaitant quitter la ville pour habiter " à la campagne " de façon permanente. On perd donc cette idée de résidence secondaire qui faisait la spécificité des Villas Mosanes.

Au 21ème siècle, les Villas Mosanes font toujours partie du paysage, même si certaines ont été démolies au fil des années. À Anseremme, l’hôtel Beau Rivage vient d’être démoli, alors qu’il était à l’abandon depuis le départ des kayaks Libert. Le bâtiment était devenu insalubre et presque impossible à rénover.

>> Le reportage de Matélé sur cette démolition : " Cela fait un pincement au cœur "

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Des villas visitables ou à observer

À Wépion, ces bâtisses ne sont plus qu’une poignée alors qu’elle en comptait une quarantaine à la Belle Epoque. " Il y en a beaucoup qui ont été détruites ou alors énormément transformées ", précise Guy Lacroix. " Mais il nous reste encore quelques beaux exemples comme à l’entrée Wépion où se trouve l’une des plus belles Villas Mosanes avec ses inspirations diverses et sa tour médiévale. C’est vraiment l’un des plus beaux exemples de cette architecture éclectique de ces Villas Mosanes. "

Plusieurs de ces villas sont d’ailleurs devenus des lieux de gîtes pour les touristes. À Profondeville, la Villa Rustica, construite à la fin du 19ème siècle par un commerçant liégeois, Arthur Puel, avant de subir des modifications au début du 20ème, a été repensée par Jean-Jacques et Anne-Françoise pour accueillir 10 à 12 personnes le temps d’un séjour.

Il est d’ailleurs possible d’observer les nombreuses villas que comportent Profondeville grâce à des balades le long de la Meuse. Et pour ceux qui n’ont pas peur de se mouiller un peu, Vincent Bordignon a imaginé la " Meuse Romantique ", une mini-croisière qui permet indirectement d’apercevoir les dernières villas de Wépion. " Sur le Rhin, il y a une partie qui s’appelle le ‘Rhin Romantique’ où l’on découvre de magnifiques châteaux. Et je me suis demandé pourquoi on n’avait pas la ‘Meuse Romantique’ avec toutes les villas et l’architecture qu’on a ", explique cet ancien de l’armée.

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