Monde Europe

Les Vingt-sept s'accordent sur une nouvelle politique européenne d'asile et de migration

Accord européen sur la politique d'asile et de migration (F. Corbiau - LP 09/06/23)

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Par Belga, édité par Victor de Thier

Les ministres européens de l'Intérieur ont trouvé jeudi un accord sur deux volets clés d'une réforme de la politique migratoire, au terme d'une journée de difficiles négociations qui ont permis de surmonter les résistances notamment de l'Italie et de la Grèce.

La réforme prévoit un système de solidarité entre Etats membres dans la prise en charge des réfugiés, et un examen accéléré des demandes d'asile de certains migrants aux frontières, afin de les renvoyer plus facilement vers leur pays d'origine ou de transit.

Ce feu vert ouvre la voie à des pourparlers avec le Parlement européen, en vue d'une adoption de la réforme avant les élections européennes de juin 2024.

Pologne et Hongrie contre

La Pologne et la Hongrie ont voté contre ces propositions, tandis que la Bulgarie, Malte, la Lituanie et la Slovaquie se sont abstenues, a-t-on appris auprès de la présidence suédoise du Conseil de l'UE, qui a mené les longues et complexes négociations.

Un peu plus tôt, une dizaine d'Etats membres, dont l'Italie et la Grèce, avaient exprimé leur opposition ou leurs réserves sur les propositions sur la table. Un nouveau texte de compromis a alors été élaboré, afin de rallier le plus grand nombre, et notamment les pays méditerranéens, qui sont les pays par lesquels les migrants arrivent dans l'UE.

Le ministre italien Matteo Piantedosi a affiché sa satisfaction d'avoir vu "toutes ses propositions" acceptées. "Nous avons écarté l'hypothèse selon laquelle l'Italie et tous les Etats membres de première entrée seraient payés pour garder les migrants irréguliers sur leur territoire. L'Italie ne sera pas le centre d'accueil des migrants au nom de l'Europe", a-t-il indiqué dans un communiqué.

Solidarité et compensation

Concrètement, l'un des textes agréé par les ministres prévoit une solidarité obligatoire mais "flexible" au sein de l'UE dans la prise en charge des demandeurs d'asile. Les Etats membres seraient tenus d'accueillir un certain nombre de ces demandeurs arrivés dans un pays de l'UE soumis à une pression migratoire, ou à défaut d'apporter une contribution financière.

La compensation financière prévue est de quelque 20.000 euros pour chaque demandeur d'asile non relocalisé. Ces sommes seraient versées sur un fonds géré par la Commission et destiné à financer des projets liés à la gestion de la migration.

L'autre texte endossé par les ministres contraint les Etats membres à mettre en oeuvre une procédure accélérée d'examen des demandes d'asile - 12 semaines maximum -, dans des centres situés aux frontières, pour les migrants qui ont statistiquement le moins de chances de se voir accorder le statut de réfugiés.

C'est le cas, par exemple, des ressortissants "du Maroc, de l'Algérie, de la Tunisie, du Sénégal, du Bangladesh et du Pakistan", a commenté la secrétaire d'Etat belge à l'asile et à la migration, Nicole de Moor. L'objectif est de faciliter le renvoi de ces migrants vers leur pays d'origine ou de transit.

Selon la secrétaire d'Etat, ce système, s'il avait été mis en place plus tôt, aurait permis d'éviter les listes d'attente et le manque de place d'accueil que connaît la Belgique actuellement.  

Réactions

Pour Nicole de Moor (CD&V), cet accord a franchi "un très gros obstacle".   

De son côté, le co-président des Verts/ALE au Parlement européen, le Belge Philippe Lamberts, estime que "l'accord se plie aux exigences de l'extrême droite au détriment des valeurs européennes. Les gouvernements européens optent pour toujours plus d'Europe forteresse, de camps et de mépris des droits humains". Il dénonce aussi "une externalisation de la question vers des régimes douteux et des dictatures."

Theo Francken, député N-VA et ancien secrétaire d'État à l'Asile et à la migration, estime lui qu'il s'agit d'un "accord faible, inapplicable et même perfide". Selon lui, l'UE ne parviendra pas à organiser un filtrage et un retour rapide dans les pays en première ligne. "Les centres situés à l'intérieur des frontières européennes se rempliront inévitablement à court terme et deviendront la salle d'attente de l'Europe. Organiser un retour massif pour toutes les personnes rejetées est donc presque impossible", affirme Theo Francken qui plaide pour un traitement de ces procédures entièrement en dehors des frontières européennes. 

Sur le même sujet : extrait du JT du 12/05/2023

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