Les voitures partagées Cambio ont bientôt 20 ans: "Notre concurrent, c'est la petite voiture que vous bloquez en face de chez vous 23 heures sur 24"

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Par RTBF

Il y a près de 20 ans, à Namur, Cambio lançait sa première voiture partagée. Aujourd'hui, Cambio compte 50.000 utilisateurs.  Frédéric Van Malleghem, directeur de Cambio Bruxelles, était invité sur La Première ce matin.

Quand vous l'avez lancé en 2002, le concept a-t-il tout de suite séduit ?   

"Au départ, il y a un public qui était conquis par le système. Les cyclistes quotidiens, les environnementalistes convaincus, mais c'est vrai qu'il a fallu convaincre petit à petit. Je n'imaginais franchement pas arriver à un tel succès 20 ans plus tard".   

Cambio dépend finalement d'une bonne desserte en transports publics

Vous êtes présents aujourd'hui dans 67 villes. Cambio, c'est 1700 voitures. Quel est le profil de l'utilisateur ?

"C'est clairement un produit citadin. C'est un produit qui a été créé pour qu'on puisse se passer de la possession automobile quand on habite en centre-ville. Plus l'environnement est dense, plus il y a un habitat dense, plus il y a de potentiel pour Cambio. Cambio dépend finalement d'une bonne desserte en transports publics. Plus les transports publics sont performants, plus il est facile de vivre sans posséder de voiture, plus Cambio a de potentiel".   


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Cambio, donc, est une part de la multimodalité au niveau des déplacements ?   

"Clairement. Je parle de chaînon manquant. Et si on additionne les modes actifs, la marche à pied, le vélo et les transports publics plus Cambio, eh bien finalement, on a plus de qualité de vie que quand on possède une simple voiture. Ici, vous avez le choix du modèle approprié à chacun de vos déplacements, vous n'êtes pas tenu d'avoir une énorme voiture parce qu'une fois par an, vous partez en vacances avec cette voiture et la famille. Vous pouvez avoir le mode le plus approprié pour chaque motif de déplacement et en ville, c'est très souvent les modes actifs et les transports en commun. Donc, vous réalisez de très grosses économies".   

Il y a beaucoup d'indépendants qui font appel à ces voitures partagées, pourquoi ? Parce qu'ils n'ont pas les moyens de s'acheter une voiture ou une camionnette ?   

"C'est moins de soucis, moins de tracas, surtout quand on est en centre-ville. Je vous dis, encore une fois, notre cible sont les habitants de centres urbains, les travailleurs de centres urbains. Il n'y a plus de problèmes de stationnement non plus, plus de problèmes d'entretien, de contrôle technique, de pannes. Il y a toujours une voiture à disposition. Le réseau est de plus en plus dense, il y a des stations Cambio maintenant quasiment tous les 800 mètres dans une ville comme Bruxelles, et ça permet d'avoir toujours une offre satisfaisante pour ce public-là qui représente plus de 30% de nos trajets maintenant en centre-ville".     

Mais l'utilisateur n'a pas toujours la voiture qu'il souhaite, quand il le souhaite ?

"En termes de disponibilité de la flotte, on essaie d'arriver toujours à un ratio de neuf sur 10. Neuf fois sur 10, vous avez la voiture souhaitée à l'endroit souhaité. Et vu la densité, il y a quasiment toujours une alternative. Maintenant, avec le rush des grandes vacances, par exemple, le week-end, il y a toujours intérêt à réserver un petit peu à l'avance, à anticiper ses déplacements avec Cambio, mais en semaine, l'offre est très, très largement suffisante".     

Quand on habite en centre-ville et qu'on travaille en centre-ville, la nécessité d'une voiture est très faible

Combien ça coûte pour réserver cette voiture ? 

"Le gain financier est clair, vous n'avez pas à acheter une voiture, à payer des taxes et une assurance. Pour trois euros par mois, vous avez la flexibilité d'utiliser une voiture où vous voulez, quand vous voulez finalement, puisqu'on est dans plus de 60 villes belges maintenant. La question, c'est que jusqu'à 10.000 kilomètres par an, en fonction de votre profil, Cambio peut être tout à fait compétitif par rapport à l'achat d'une voiture.

Mais l'idée, c'est bien de se dire que quand on habite en centre-ville et qu'on travaille en centre-ville, la nécessité d'une voiture est très faible. Or, quand vous achetez cette voiture, elle immobilise une bonne partie de vos revenus pour pas grand-chose, finalement, et vous évitez l'ensemble des autres soucis que je citais tout à l'heure, ce qui ajoute à l'intérêt de mutualiser justement cette voiture plutôt que d'avoir à la posséder".   

On va bientôt mettre en place des vélos cargo électriques en centre-ville sur Bruxelles

Vous n'êtes pas un loueur de voitures ?    

"Non. L'idée, le métier de Cambio, finalement, c'est d'être, comme je le disais tout à l'heure, le chaînon manquant en matière d'intermodalité, donc de permettre aux habitants de centre-ville de se passer de l'achat de la voiture. Mais à terme, on pourrait très bien faire autre chose que de louer des voitures.

On va par exemple, bientôt au mois d'octobre, mettre en place des vélos cargo électriques en centre-ville sur Bruxelles, et donc plus d'intégration avec les modes actifs et les transports publics. Faire en sorte qu'on puisse vivre le plus confortablement possible en ville sans avoir à posséder une voiture et en utilisant le moins souvent pour les déplacements courts de centre-ville. C'est vraiment ça notre mission, notre vision du monde de demain".   

Comment voyez-vous l'évolution du système ? 

"Il y aura plus probablement en tout cas plus d'intégration avec les autres modes et les transports publics. On appelle ça le MaaS, Mobility as a Service. C'est quelque chose qui est bien en marche maintenant, notamment en région bruxelloise, probablement aussi petit à petit, une électrification de la mobilité à voitures en Belgique".    

Il faudra des bornes, alors...

"Il faudra des bornes effectivement, et là, il y a encore un gros chantier qui est à mettre en œuvre au niveau belge. Et petit à petit aussi, anticiper dans une dizaine d'années, probablement des véhicules autonomes, en tout cas des véhicules de plus en plus connectés qui seront partageables à grande échelle.

Et là, je pense que Cambio, évidemment, ne sera pas le seul acteur. Et quand on parle de compétition, pour moi, mes principaux concurrents sont les vendeurs de voitures. C'est la petite voiture que vous achetez et que vous bloquez en face de chez vous 23 heures sur 24. C'est plutôt ça mon principal concurrent pour le moment".    

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