Nous nous replongeons dans l’année 1685, une année des plus heureuses puisqu’elle voit naître Bach, Haendel et Domenico Scarlatti, le sixième enfant d'Alessandro Scarlatti qui lui transmet sa science de la musique. Domenico y ajoute l’étincelle de son génie propre.
Domenico Scarlatti va quitter Naples pour séjourner d’abord dans d’autres villes italiennes avant de rejoindre le Portugal et l’Espagne où il passera tant d’années qu’il finira par signer parfois Domingo Scarlatti/ Il a composé environ 550 pièces pour clavecin et il écrivait :
Lecteur, ne t’attends pas à trouver dans ces compositions une intention profonde, mais plutôt un ingénieux badinage de l’art pour t’exercer au jeu hardi sur le clavecin. Ne te montre pas plus juge que critique et tu augmenteras ainsi ton plaisir. Vis heureux !
Florence, Rome et Venise
Nous sommes à Naples, en 1701 : Scarlatti n’a pas 17 ans mais il est déjà nommé organiste et compositeur de la Chapelle royale et tout va donc très bien. Mais son père veut le meilleur pour son fils si doué et pour lui-même. Alessandro Scarlatti sollicite un congé des autorités de la ville pour emmener Domenico à Florence, il espère décrocher des emplois officiels à la Cour de Toscane. Mais il n’obtient rien et il emmène alors Domenico à Rome mais c’est une nouvelle déception qui l’attend. Il décide enfin d’envoyer son fils à Venise et il écrit à Ferdinand de Médicis, un des plus influents mécènes de la musique :
"Je l’ai éloigné par la force de Naples où, bien qu’il y ait de la place pour son talent, son talent n’était pas à sa juste place. Je veux l’enlever à Rome tout de même, car à Rome, il n’y a aucun refuge pour la musique qui vit ici de mendicité. Mon fils est un aigle dont les ailes ont poussé… Il ne faut pas qu’il reste au nid à ne rien faire et moi, je ne dois pas l’empêcher de voler."
Domenico arrive à Venise avec le castrat napolitain Nicolò Grimaldi :
Quelle ville splendide, sa lumière, ses couleurs, ses palais, sa splendeur.
Ce décor de théâtre, tout cela fait rêver Domenico. Il y a aussi ce goût sans modération pour les fêtes et le carnaval et celui si étrange pour les masques. On sort parfois masquer pour prendre l’air, pour aller au théâtre ou au bal, c’est l’origine parfois de bien des aventures. Et cette ville somptueuse résonne de musiques. A Venise il y a les célèbres Ospedali, ces maisons de charité où l’on élève des jeunes filles pauvres et où l’on cultive leur talent. Celles de la Pietà ont pour professeur Antonio Vivaldi et elles deviennent de formidables musiciennes.
Domenico Scarlatti a entendu des concertos de Vivaldi quelques années avant que Jean-Sébastien Bach ne les transcrive.