À Anderlecht, une nouvelle génération déboule. Barthélemy Gaillard leur a consacré un livre (avec Louis Dabir) sorti en 2020 : Gang of Brussels, l’histoire vraie des hooligans d’Anderlecht, entre foot et banditisme. “Il y a une forme de durcissement de la répression policière, donc il y a un changement dans les pratiques du hooliganisme. Les plus anciens qui sont habitués à se balader à 400 autour des stades de manière relativement libre, ça ne les intéresse plus tellement de devoir aller plus loin, de devoir se cacher”.
Les plus jeunes, eux, en ont envie. Voilà comment naît le BCS, Brussels Casual Service. “Ils ont un style vestimentaire plus casual, explique Barthélémy Gaillard, pour passer inaperçu. Finies les écharpes, les maillots de foot. Il faut être discret pour ne pas éveiller l’attention de la police”. Une nouvelle culture du hooliganisme naît. Dont certains membres, pendant une vingtaine d’années, vont vivre de délinquance, voire de grand banditisme.
Et aujourd’hui ? Les membres du BCS ont tous une cinquantaine d’années. Et une nouvelle fois, de plus jeunes sont arrivés, “face à une répression policière qui s’est encore accentuée”, explique Barthélémy Gaillard, ils pratiquent un mode de violence encore plus secret, encore plus caché et – d’une certaine manière – encore plus professionnalisé : le free fight.
De tout petits groupes se retrouvent en forêt, pour se battre. Protections, entraînements en salle, cocktails protéinés… la culture du hooliganisme s’est une nouvelle fois adaptée. Les nouveaux modèles ne sont plus anglais, ils sont Russes, Polonais, Ukrainiens ou Bulgare.
“L’incarnation de cette évolution culturelle, ça a été les affrontements entre Russes et Anglais à Marseille à l’Euro 2016. Les Russes sont arrivés avec leurs pectoraux saillants, comme de vrais athlètes, et poursuivaient des Anglais bedonnants qui n’étaient pas de taille, évidemment”, raconte Barthélémy Gaillard.