L’annonce de la décision du gouvernement de la Région Bruxelles-Capitale de ne plus autoriser les véhicules à moteur thermique dès 2035 a suscité bon nombre de questions. Dont celle du rechargement des voitures électriques. Si chaque recharge dure plusieurs heures pour une autonomie moins importante qu’avec un moteur thermique, ne risque-t-on pas de se retrouver avec un parc automobile perpétuellement à l’arrêt, en train de recharger ses batteries ou d’attendre qu’une borne se libère ?
C’est cette perspective qui a motivé les membres du Collectif Hydrogène Bruxelles à passer à l’action. Leur crainte : que la Région bruxelloise, obsédée par le tout électrique, ne rate le coche des véhicules à hydrogène. Ils pointent l’exemple de la Flandre et de la Wallonie, qui semblent plus ouvertes sur la question, l’incluant dans leurs demandes de financement par le plan de relance européen.
Du côté d’Alain Maron, le ministre bruxellois en charge de la gestion de la zone de basse émission, on affirme ne rien avoir contre l’hydrogène, mais on sent que ce n’est pas non plus l’enthousiasme qui l’étouffe : "L’hydrogène fait évidemment partie des solutions […] il faut toutefois être attentif à le déployer dans les secteurs et pour les utilisations les plus appropriées. L’hydrogène vert, seule solution véritablement décarbonée, ne sera en effet disponible qu’en quantité limitée, et doit être utilisé pour les applications les plus complexes à électrifier. De nombreuses études démontrent qu’il vaut à cet égard mieux le réserver pour les véhicules lourds (avions, bateaux ou certains camions) et certaines applications industrielles difficilement électrisables."
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En outre, le ministre plaide pour que les stations soient installées "en bordure des villes", eu égard au bruit émis par les compresseurs.
Du côté des professionnels, l’avis est également mitigé. Selon un expert, "l’électrolyse, le procédé le plus propre pour produire de l’hydrogène coûte cher et consomme beaucoup d’électricité. Donc, soit on construit des grandes usines alimentées par des réseaux électriques redimensionnés. Mais se pose alors la question du transport de l’hydrogène produit. Soit, on construit un réseau de stations dotées chacune de leur électrolyseur. Mais se pose alors à la fois la question de la rentabilité de chaque unité. Et, de nouveau, celle du réseau électrique à renforcer pour amener dans chaque centrale l’énergie nécessaire à cette production. On se retrouve donc avec exactement le problème qui se pose déjà à Bruxelles pour installer les bornes de recharge "rapide" des véhicules électriques."
L’hydrogène n’est pas LA recette miracle mais il fait partie de la solution qui sera multiforme