Imaginez-vous en état d’hypnose, allongé sur une chaise longue. L’expérience consiste à vous envoyer des stimulations douloureuses et à observer, grâce à une technique de neuro-imagerie, si les zones de la douleur s’activent dans votre cerveau. Mais encore : vous devrez dire si oui ou non, vous avez ressenti de la douleur. Car votre parole et votre ressenti comptent autant que l’image.
Cette recherche, c’est Audrey Vanhaudenhuyse et son équipe qui l’ont pilotée. Cette neuro-psychologue est directrice du Groupe Sensation and Perception (GIGA Consciousness, ULiège) et chercheuse au Centre Interdisciplinaire d’Algologie du CHU de Liège. Elle est aujourd’hui l’une des 3 chercheuses belges élues par un jury indépendant du FNRS (Fonds de la Recherche Scientifique) et du FWO (équivalent flamand pour la recherche) et distinguées par la Fondation AstraZeneca. La voici récompensée d’une bourse de 25.000 euros.
"On a réalisé une série d’études en neuro-imagerie", explique la chercheuse. "On regarde le fonctionnement du cerveau quand les personnes reçoivent une stimulation douloureuse avec et sans hypnose par exemple. On réalise maintenant le même genre d’études où l’on envoie des stimulations douloureuses à des personnes, mais avec la réalité virtuelle combinée à l’hypnose et on regarde de nouveau comment le cerveau fonctionne avec et sans l’outil. On combine cela avec le vécu de la personne. L’important, c’est qu’on combine aussi bien les mesures objectives – comment le cerveau et le corps réagissent – avec le vécu de la personne. Parce que si je vous fais mal, que le fonctionnement de votre cerveau change, mais que vous, vous me dites 'ça ne me fait pas mal', en clinique, ça a moins d’intérêt que si la personne peut dire 'là, j’ai moins mal, je me sens moins anxieuse et je suis beaucoup plus confortable'."