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Liban : pauvreté, faim… La population ne fait plus que survivre

© 2022 Anadolu Agency

La majorité des Libanais ne sont pas en mesure de garantir leurs droits sociaux et économiques, dans un contexte d’aggravation de la crise économique, les ménages à faible revenu étant les plus durement touchés : ce sont les conclusions d’un rapport de Human Rights Watch publié cette semaine.
Le gouvernement national libanais et la Banque mondiale devraient prendre des mesures urgentes pour investir dans un système de protection sociale fondé sur les droits et garantissant un niveau de vie adéquat pour tous.

En cause : baisse de l’activité économique, instabilité politique, hausse du coût de la vie… Ce rapport met en effet en lumière les conséquences de cette situation qui entraîne des niveaux alarmants de pauvreté et d’insécurité alimentaire au Liban.

Des revenus en chute libre

La hausse du chômage, la dépréciation de la monnaie locale, la montée en flèche de l’inflation et la suppression des subventions pour les médicaments et pour le carburant ont rendu plus difficile pour beaucoup de Libanais la satisfaction de leurs besoins de base.
A l’échelle nationale, 40% des ménages gagnent environ 95 euros ou moins par mois, et 90% des ménages gagnent moins de 360 euros par mois.
Les résultats de l’enquête de l’ONG indiquent que le système de protection sociale actuel ne parvient pas à faire face à la crise. Près de 70% des ménages ont eu du mal à joindre les deux bouts ou ont toujours été en retard sur les dépenses de base. Pire : moins de 5% des ménages ont reçu une aide gouvernementale.

Une majorité de Libanais empruntent pour manger

Le droit à l’alimentation est gravement menacé au Liban dans l’ensemble de la société, les ménages affirmant que le manque d’argent ou d’autres ressources était le principal facteur expliquant leurs repas manquants ou leur manque de nourriture. Dans plus d’un ménage sur quatre, un adulte devait sauter un repas parce qu’il n’y avait pas assez d’argent ou d’autres ressources pour obtenir de la nourriture. Vingt pour cent ont manqué de nourriture le mois précédent en raison d’un manque de ressources.


Les personnes à faible revenu sont particulièrement en situation d’insécurité alimentaire. Quarante-trois pour cent des ménages interrogés où un adulte passait une journée complète sans manger se situaient dans les 20 pour cent des revenus les plus pauvres. Les ménages avec enfants et les ménages dirigés par une femme étaient plus susceptibles que les autres de dire qu’il y avait parfois ou souvent pas assez à manger au cours du mois précédent.

Une enquête de l’UNICEF réalisée en juin a par ailleurs révélé que jusqu’à 70% des ménages empruntent de l’argent pour acheter de la nourriture ou l’acheter à crédit. De plus en plus d’enfants sont également envoyés travailler pour subvenir aux besoins de leur famille, et de jeunes filles sont mariées pour alléger les dépenses financières.

Human Rights Watch a constaté dans son enquête que l’insécurité alimentaire a atteint des niveaux alarmants. De nombreuses familles, y compris des enfants, souffrent régulièrement de la faim. Dans 1 ménage sur 10, un adulte n’a pas mangé pendant une journée entière par manque d’argent.

Dans les 30% des ménages les plus pauvres, 30% ou plus avaient un adulte qui avait sauté un repas en raison d’un manque de ressources.

La réponse des autorités ne garantit pas le droit de chacun à un niveau de vie suffisant, y compris le droit à l’alimentation, conclut Human Rights Watch, qui exhorte les autorités libanaises à prendre des mesures sociales d’urgence.

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