"Libération" lève le voile sur "La Ligue du LOL", accusée de cyberharcèlement

Ligue du LOL

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Par A. Dulczewski

C'est un article de Libération qui a mis le feu aux poudres. "La Ligue du LOL a-t-elle vraiment existé et harcelé des féministes sur les réseaux sociaux?", se demande le journal français dans un article publié le 8 février. Depuis, les témoignages et réactions se multiplient sur Twitter et des ex-twittos reviennent sur le réseau social pour livrer leur récit. 

Mais qu'est-ce donc La Ligue du LOL? C'est "un groupe privé Facebook créé par le journaliste Vincent Glad à la fin des années 2000. Y ont figuré, et y figurent encore, une trentaine de personnes pour la plupart issues de nombreuses rédactions parisiennes, du monde de la publicité ou de la communication", explique Libération. Ce groupe est accusé de s'être lourdement moqué, d'avoir insulté et même harcelé des personnes sur les réseaux sociaux, en ciblant particulièrement les femmes. 

Des trucs pornos avec ma tête dessus

Libération a recueilli plusieurs témoignages - souvent anonymes - de victimes, qui évoquent des "vies brisées", des "réputations ruinées".

"Ils étaient absolument infâmes sur Twitter", explique la journaliste Nora Bouazzouni à Libération. "C’était de l’acharnement, je me suis aussi fait harceler, avec des insultes, des photomontages, des gifs animés avec des trucs pornos avec ma tête dessus, des mails d’insulte anonyme. Ils s’en prenaient, à plusieurs, à la même personne. Et comme ils avaient des comptes très influents, ça prenait tout de suite une ampleur importante."

Leur pouvoir d'influence est pointé du doigt dans ces témoignages. "Quand j’étais une jeune journaliste très impressionnable, je me disais qu’ils étaient dans tous les médias où j’espérais bosser, qu’ils connaissaient tout le monde", confie une journaliste désirant rester anonyme. "Beaucoup de filles étaient terrifiées par ces gens, avaient peur de les dénoncer", confirme Nora Bouazzouni.

Que répondent les membres épinglés?

Parmi les membres du groupe épinglés dans cette histoire : Vincent Glad et Alexandre Hervaud, eux-mêmes journalistes à Libération. Ils s'expliquent : sur ce groupe, "on faisait des blagues, un travail de veille, c’est d’un commun absolu, il n’y a jamais eu (...) d’obsession antiféministe. On se moquait de tout, et tout le monde", assure Alexandre Hervaud dans l'article. 

"Nous étions influents, et c’est vrai que si on critiquait quelqu’un, ça pouvait prendre beaucoup d’ampleur", admet de son côté Vincent Glad. "Il y avait beaucoup de fascination autour de nous, on était un peu les caïds de Twitter. Il y a une part de vrai là-dedans, une part de gens qui ont pu se sentir légitimement harcelés. Mais il y a aussi une grosse part de fantasme (...) C’était une grande cour de récré, un grand bac à sable. C’était du trolling, on trouvait ça cool. Aujourd’hui, on considérerait ça comme du harcèlement."

Pluie de réactions

La publication de cet article a déclenché une pluie de réactions sur Twitter. La journaliste Nadia Daam, récemment victime de cyberharcèlement,  s'insurge : "Les membres (dont beaucoup n'ont pas été nommés) plaident l'"erreur de jeunesse". S'excusent du bout des lèvres, en arguant que l'époque était différente. GUESS WHAT ? Etre harcelée en 2012 ou en 2018, c'est PAREIL".


►►► A lire aussi: Cyber-harcèlement des journalistes: les femmes aux premières loges


De son côté, Capucine Piot explique dans une succession de tweets avoir elle-même été victime de cette 'Ligue'. "Des femmes essentiellement, mais aussi certains hommes, étaient victimes de dénigrement permanent sur Twitter depuis des mois (...) ils nous ont humiliés en place public, sans prendre la mesure de notre douleur, de ce qu’on pouvait ressentir. Là, c’était la descente aux enfers pour moi...", explique-t-elle. (Pour lire le témoignage en entier, c'est par ici)

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"La Ligue du LOL, c'est ce qui m'a poussée à quitter cette appli en 2013. C'est quoi ? A l'époque, une team de fringants journalistes qui s'adonnaient au harcèlement comme à un sport, avec pour cibles des féministes, des personnes LGBTQ et racisées", écrit de son côté la journaliste Mélanie Wanga sur Twitter. 

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Des excuses

Parmi les membres épinglés, le journaliste Alexandre Hervaud n'est pas resté silencieux après la publication de l'article. 

Il précise sur Twitter qu'il refuse d'assumer "les conneries des autres" mais s'excuse. "Aux personnes qui se sont senties visées ici ou ailleurs depuis 11 ans par une ou plusieurs de mes saillies ricaneuses, je peux difficilement dire autre chose qu'un sincère 'je m'excuse, c'était vraiment pas malin et ça ne se reproduira plus", écrit le journaliste.

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Des excuses qui passent mal parmi les internautes, notamment à cause de leur formulation. "Ah, donc les excuses c'est que pour celles que 'se sont senties' visées. Personne n'a été visé en fait, c'est juste une histoire de ressenti. Si c'est ça 'assumer', ça vole pas haut", écrit un internaute. "'Saillies ricaneuses', 'personnes visées', 'pas malin', c'est très centré côté subjectivité et ressenti du harceleur non ?", écrit un autre. 

Ne nous transformons pas en meute

"Ces 'saillies ricaneuses' m’ont volé une partie de ma jeunesse" , réagit de son côté Capucine Piot, "vos 'excuses' sont une insulte à la souffrance que vous m’avez infligée".

Elle précise cependant ne pas vouloir "balancer des noms" car "mon témoignage au sujet de ce que j’ai vécu à cause de la #ligueduLOL n’a aucunement vocation à faire ma propre justice. Et encore moins à inciter à faire subir du cyber-harcèlement à ces personnes, aussi abjects leurs actes ont-ils pu être".

Et conclut : "Ne nous transformons pas en meute, svp".

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Depuis lors, le rédacteur en chef web des Inrocks David Doucet a également fait son mea culpa sur Twitter. Se défendant d'avoir participé à toutes ces actions, il avoue "mesurer aujourd'hui la dégueulasserie de ces actes et je n'ai pas d'excuses pour cela".

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