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Belgique

Limitation et dégressivité des allocations de chômage : "C’est indécent de dire que le chômage, c’est la belle vie"

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Par Renaud Verstraete sur base d'une interview de Danielle Welter
Ce matin, Jean-François Tamellini était l’invité de Matin Première. Le secrétaire général de la FGTB wallonne est revenu sur la dégressivité des allocations de chômage, la nécessité d’augmenter le taux d’emploi en Wallonie et les préjugés qui entachent la réputation des chômeurs wallons.

Les mesures répressives seraient-elles inefficaces pour augmenter le taux d’emploi ? Selon la FGBT, limiter les allocations dans le temps et augmenter leur dégressivité, ne pousserait pas les chômeurs vers l’emploi : "La technique du bâton sur les chômeurs ne fonctionne pas. Ces dernières années, il y a eu plus de 50.000 exclusions définitives du chômage. Si cela fonctionnait, on n’aurait pas autant de pénurie d’emploi. Il faut trouver une autre voie pour augmenter le taux d’emploi" explique Jean-François Tamellini.

La FGTB vient de publier une nouvelle étude sur les allocations de chômage et leur limitation dans le temps. Le syndicat s’appuie sur une série d’études de l’OCDE, de l’Onem et de l’IRES (entre autres) et tire la conclusion qu’il n’y a aucune corrélation entre la diminution des allocations et la réinsertion sur le marché du travail : "Ces mesures sont inefficaces. Le lien, pour créer l’emploi c’est la conjoncture économique. A chaque fois que la conjoncture est meilleure, l’emploi augmente. A chaque fois qu’elle est mauvaise, l’emploi diminue. La dégressivité n’a aucun effet et est même contre-productive car elle écarte les gens de l’accès à l’emploi."

En outre, la dégressivité des allocations de chômage plongerait les sans-emploi dans la précarité : "En étant dans la dégressivité accrue, après 12 mois vous tombez dans des situations qui sont pour la plupart en dessous du seuil de pauvreté. C’est indécent de dire que le chômage, c’est la belle vie et qu’on peut se complaire là-dedans" déplore le secrétaire général de la FGTB wallonne.

Inciter les chômeurs à retrouver le chemin de l’emploi

Pour autant, le secrétaire général de la FGTB wallonne estime qu’il ne faut pas rester les bras croisés : "Il faut inciter les travailleurs à trouver de l’emploi. Si l’on regarde les pénuries, dans 80% il y a des freins à l’entrée. Les employeurs exigent de l’expérience ce qui exclut les jeunes et les travailleurs en reconversion. Dans 60%, les emplois sont précaires et sont de courtes durées."

Plus que le bâton, la FGTB privilégie donc la carotte. "Il faut proposer des conditions qui permettent de sortir de la précarité. Les partis francophones ont une responsabilité énorme, s’ils continuent à vouloir limiter dans le temps les allocations de chômage, on va envoyer des gens au CPAS à charge des communes et de la région et creuser l’écart avec la Flandre" soutient Jean-François Tamellini.

La Wallonie, plus laxiste que la Flandre ?

Si le chômage baisse depuis 2019 en Belgique, il continue d’augmenter en Wallonie avec près de 220.000 chômeurs. La faute a un laxisme régional ?

Selon Jean-François Tamellini, en matière de contrôle, le Forem ou Actiris ne seraient pas plus laxistes que le VDAB, leur équivalent flamand : « La Flandre a un marché de l’emploi beaucoup plus actif, c’est clair. Mais la Flandre ne sanctionne pas plus. 97% des exclusions définitives sur le territoire sont en Wallonie, donc c’est un fantasme de croire que la Flandre est plus stricte ».

Le chômeur wallon a mauvaise réputation. Le chômage pourrait-il devenir régionalisé ? « Ce serait inacceptable et ça creuserait encore un peu plus l’écart avec la Flandre » conclut le secrétaire général de la FGTB wallonne.

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