Médecine de guerre, accident, maladie
À quels patients se destine cette recherche ? À tous ceux les patients qui, pour des raisons de traumatisme grave, d’accident ou de maladie, ne peuvent pas compter sur une réparation du tissu osseux sans implant, car le "trou" est trop important. Par exemple, les personnes à qui une tumeur a été retirée, ou qui souffrent d’une maladie génétique, la neurofibromatose, caractérisée dans certains cas par des atteintes osseuses. Autre cas de figure : une personne ayant besoin d’un implant dentaire, mais qui n’a plus assez d’os pour l’y accrocher. Dans toutes ces situations, on peut implanter un élément imprimé en 3D, un biomatériau qui va ensuite avoir pour mission d’attirer les cellules du patient pour qu’elles viennent former de nouveaux tissus autour de lui, qui vont ensuite totalement s’intégrer au corps du patient.
Des vaisseaux artificiels pour l’Ukraine
Hors de nos frontières, et toujours dans le domaine de la médecine régénérative, une société américaine de biotechnologie vient d’exporter des vaisseaux sanguins artificiels à destination des blessés ukrainiens souffrant de lésions vasculaires. Ce sont des VHA, des vaisseaux cellulaires humains, autrement dit des vaisseaux de remplacement prêts à l’emploi conçus pour réparer, reconstruire et remplacer les vaisseaux endommagés.
Humacyte, c’est le nom de la société, a exporté ses vaisseaux encore au stade d’évaluation clinique dans six hôpitaux en Ukraine, notamment à Kiev et à Kharkiv. L’envoi s’est fait à la demande d’un chirurgien ukrainien qui connaissait bien cette technique. Bien que ce traitement ne soit pas encore approuvé à la vente par le régulateur américain, la FDA, les unités ont été envoyées pour répondre aux besoins du terrain, à titre humanitaire. En cours d’évaluation dans plusieurs essais cliniques, ce type de vaisseau a déjà été utilisé dans plus de 460 implantations de patients.
Modèles mathématiques
Pour en revenir à Liesbet Geris et à ses biomatériaux osseux, la prouesse et la récompense portent surtout sur le travail effectué en créant des modèles numériques basés sur des milliers de données issues de précédentes greffes. Cela lui a permis, avec son équipe, de mettre au point une forme spécifique, facile à imprimer en 3D, dans un matériau naturel que l’on trouve dans les os, le phosphate de calcium.
Grâce à cette forme particulière, les cellules humaines sont davantage attirées vers ce biomatériau-là que vers d’autres qui sont actuellement utilisés. Il s'agit d'une structure dite "gyroïde", comme l'explique Liesbet Geris : "C'est une structure qui est comme une vague. Si on la coupe, on voit des choses qui sont un peu comme des vagues. Les vagues sont très faciles pour les cellules, pour bouger, parce qu'elles ont toujours quelque chose pour s'y accrocher et puis se tirer au fur et à mesure dans l'implant".