Jeux Paralympiques

Linda Le Bon guidée par sa fille aux Jeux Paralympiques de Pékin : le saut dans l’inconnu

Linda Le Bon et sa fille Ulla : en route pour des Jeux Paralympiques de Pékin en famille !

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Après les sœurs Eleonor et Chloé Sana en 2018, la Belgique s’offre à nouveau une histoire de famille aux Jeux Paralympiques de Pékin 2022. Cette fois, c’est une mère et sa fille qui s’élanceront ensemble depuis le haut des pistes de ski alpin : Linda Le Bon, malvoyante, sera guidée par sa fille, Ulla Gilot. Mais si la médaille de bronze des sœurs Sana était venue couronner un travail et une complicité de plusieurs années, la collaboration mère-fille de ces Jeux 2022 est on ne peut plus fraîche : à Pékin, Ulla guidera sa maman pour la… toute première fois en compétition !

Les Jeux paralympiques, Linda Le Bon n’y croyait pas vraiment il y a à peine un peu plus de deux ans. Cette ancienne militaire de 57 ans, ne voit plus que des ombres à plus de deux mètres d’elle. La faute à une dégénérescence maculaire, maladie dégénérative des yeux diagnostiquée il y a quelques années. Mais la Ligue Handisport francophone a cru en elle et monté un projet avec comme guide l’ancien skieur liégeois de haut niveau Pierre Couquelet, 26e de la descente des Jeux olympiques de Sarajevo en 1984. Le duo a grandi ensemble et a réussi à épater le monde du para-ski en moins de deux ans, se qualifiant pour Pékin et montant aussi deux fois sur le podium des derniers Mondiaux, à Lillehammer (Norvège) en janvier. Deux médailles d’argent, en descente et en Super-G.

Mais il y a quelques jours, douche froide : Pierre Couquelet a reçu l’interdiction de se rendre aux Jeux Paralympiques. Soigné depuis plusieurs années après une greffe de cornée et souffrant également du cœur, il avait besoin d’une autorisation d’usage thérapeutique pour ses traitements. Il l’ignorait et sans cette fameuse autorisation, le guide n’a donc pas pu embarquer pour Pékin avec "sa" skieuse.

Vers l’inconnu et au-delà

Heureusement, les rêves paralympiques de Linda Le Bon n’ont pas fondu avec cette mauvaise nouvelle. Le plan B ne se trouvait pas très loin : sa fille Ulla est elle-même une skieuse de bon niveau. C’est d’ailleurs pour l’accompagner dans un sport-études option ski que Linda Le Bon a quitté la région de Spa pour s’installer en Autriche, devenu son deuxième pays. Elle vit dans les montagnes autrichiennes depuis près de 20 ans et a même hésité à opter pour cette nationalité sportive, avant d’être convaincue par le projet belge.

Et voilà donc comment Linda Le Bon se retrouve finalement à Pékin "en famille", mais devant un grand saut dans l’inconnu : Ulla n’a jamais guidé sa mère, et va devoir tout apprendre du rôle de guide, en quelques jours à peine. "Guide de para-ski alpin, c’est un rôle qui porte bien son nom, précise Pierre Couquelet. Au niveau psychologique, au niveau technique, dans la mise en confiance de l’athlète… On doit tout décrire : le terrain, le dénivelé, les bosses, les dénivelés, les éventuels filets plus proches que d’habitude en bord de piste, etc". Le guide ne peut évidemment pas aller plus vite que "son" skieur ou "sa" skieuse, et tout cela doit s’apprendre. "Il faut plusieurs mois pour évoluer, pour mettre au point un système de codage et pouvoir communiquer au mieux. Au pied levé, c’est très difficile de prendre ce rôle. Même si la mère et filles se connaissent, évidemment", ajoute celui qui suivra bien sûr depuis la Belgique les performances de "sa" skieuse, le cœur un peu serré.
 

Une relation mère-fille à transposer sur des skis

A Pékin, Linda Le Bon et sa fille disputeront la descente, le Super-G, le super combiné, le slalom géant et le slalom. La skieuse malvoyante est habituellement plus à l’aise sur les disciplines de vitesse, avec son guide habituel. Dans les nouvelles conditions et sans réels repères avec Ulla, le podium dont la délégation belge rêvait semble bien plus compliqué à atteindre, mais le Comité paralympique belge veut rester optimiste. "Les progrès des derniers jours sont assez stupéfiants. Entre son premier jour de ski ici à Pékin et ce qu'on a vu aujourd'hui (ndlr : jeudi, veille de la cérémonie) à l'entraînement, il y a déjà une énorme différence", note Olek Kazimirowski , le chef de délégation belge. "On espère que la complicité que peuvent avoir une mère et une fille va pouvoir se transposer en une complicité sportive efficace le plus rapidement possible."

Qui sait : championne du monde militaire de course d’orientation dans les années 80, Linda Le Bon sait comment retrouver son chemin, même dans la difficulté. Son défi est immense. Mais l’expérience n’en sera que plus marquante. Et familiale.

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