L’interdiction apparaît en effet comme un geste fort : elle limite la liberté de ces fonctionnaires, mais en vertu d’un intérêt "supérieur", celui de la protection de l’institution, donc de la collectivité. Or, malgré cet argument, il pourrait aussi paraître contradictoire que les autres réseaux sociaux ne soient pas soumis à de telles contraintes. On pense notamment à Instagram, Whatsapp, Facebook ou Messenger, du groupe Meta.
Pour Michel Hermans, la réflexion se développe au niveau européen, notamment à travers les lois pour réglementer le numérique. "La Belgique et l’Union européenne ont assez de retard sur les questions de cybersécurité. Les Etats y travaillent, mais cela coince au niveau politique : les Etats ont du mal à se mettre d’accord. Or une protection au niveau européen du type NSA pourrait être bien plus efficace qu’une simple protection État par État."
Selon Axel Legay, si les discussions à ce niveau se poursuivent, les réseaux américains sont aussi plus tolérés parce qu’ils sont numériquement plus répandus et qu’ils proviennent d’un pays proche de l’Europe.
"Sans oublier que même si les négociations avec les Américains ne sont pas toujours simples, cela reste des interlocuteurs avec lesquels on peut discuter. Ajoutez aussi à cela que des ventes de données comme Cambridge Analytica ont été très coûteuses pour Meta. Ils n’ont pas intérêt à vendre des données brutes, mais uniquement des profils de données. Cela change beaucoup la donne par rapport à ce que TikTok pourrait faire en vendant les données personnelles !", conclut l’expert.
TikTok a fortement condamné la décision européenne, assurant qu’elle souhaite "sécuriser" et "protéger" les données des utilisateurs européens.