La société LibertySteel a repris, voici deux ans, quatre usines liégeoises de la multinationale ArcelorMittal. Mais les sidérurgistes ont rapidement déchanté ; les difficultés se sont accumulées, et les promesses d’investissement n’ont pas été tenues.
Une procédure de réorganisation judiciaire a été lancée il y a deux semaines. Il s’agit de demander à un tribunal de se mettre à l’abri de ses créanciers, pendant un délai de quelques mois, pour alléger les dettes, trouver un repreneur, ou récupérer de la trésorerie ; ça, c’est pour le principe. Mais concrètement la liste des gens à qui Liberty Steel doit de l’argent est d’une ampleur phénoménale.
Des échancrures dans le tissu industriel liégeois
Le document s’étale sur plus d’une vingtaine de pages. Comme la plupart des mauvais payeurs, le groupe a omis de payer les cotisations à la sécurité sociale, et même le précompte professionnel de ses ouvriers. A chaque fois, l’arriéré s’élève à deux millions et demi.
Dans ce récapitulatif des créances, il y a encore les sommes dues à un demi-millier de travailleurs, et puis 45 millions réclamés par ArcelorMittal, et des dettes envers deux sociétés sœurs, les filiales luxembourgeoise et roumaine.
Dix millions pour chacune. Et puis, une énumération de multiples prestataires de services qui, tous, réclament autour d’un demi-million : le fournisseur de courant Electrabel, la firme de nettoyage Gom, les sous-traitants JohnCockerill et Fabricom, et surtout des transporteurs : les péniches de la Somef, le port de Renory, le groupe Magetra, et même l’atelier d’emballage Propac.
Qui va pouvoir récupérer combien, si un plan de redressement s’élabore ? Qui risque d’être déstabilisé ? C’est toute la question. Dès à présent, l’ampleur du passif annonce des dégâts, des répercussions dans tout le bassin industriel liégeois, et au-delà.