L’apprentissage de la musique fait principalement appel à l’ouïe et à la vue. Il faut être capable de déchiffrer les partitions, de jouer juste, de suivre le tempo imposé par les gestes du chef d’orchestre. Fermez les yeux et essayez d’apprendre à jouer un nouveau morceau, vous voilà face aux obstacles que rencontrent les musiciens malvoyants.
Tout musicien débute son apprentissage de la musique par une découverte de l’écriture musicale grâce au solfège. Il apprend ensuite à faire passer les nuances, les staccatos. Comme l’acteur qui interprète un texte pour le rendre vivant, le musicien doit interpréter la partition selon son bagage musical, son vécu personnel pour partager le langage musical avec son public. Les musiciens traduisent des partitions en mélodies, mais certains d’entre eux ont besoin d’une traduction supplémentaire, d’écrit à écrit. Noires, blanches, croches ou rondes écrites "en noir" restent muettes pour le musicien qui ne voit pas.
Mais comment ces musiciens font-ils pour lire la musique ?
Retour en 1812, un jeune garçon de 3 ans, perd un œil en jouant avec un outil, son autre œil est gagné par l’infection et la cécité survient, irrémédiablement. Malgré son accident, le petit garçon suit les cours de l’école primaire de son village et grâce à son excellente mémoire, il parvient à retenir ses leçons. Vers 10 ans, ses parents l’inscrivent à l’Institution Royale des Jeunes Aveugles à Paris.
Les élèves aveugles apprennent la lecture et l’écriture avec des caractères romains en relief. Un procédé initié par Valentin Haüy, mais qui s’avère peu efficace. Les caractères romains sont difficiles à reconnaître au toucher, la lecture est donc très lente. Les étudiants de l’Institution Royale des Jeunes Aveugles expérimentent ensuite un code inventé par un capitaine à la retraite, Charles Barbier. Très vite, la sonographie séduit les jeunes non-voyants qui, aidés de tablettes spéciales et d’un poinçon créés par le capitaine Barbier, apprennent à écrire avec des points. Ces points sont beaucoup plus faciles à lire et à écrire que des lettres en relief. Mais cette écriture ne respecte pas l’orthographe, ne permet pas de transcrire les signes de ponctuation, les chiffres et symboles mathématiques ou encore les notes de musique. Déterminé, le jeune aveugle consacre son temps libre à perfectionner le système Barbier. Et en 1829, le jeune garçon aveugle depuis ses 3 ans, Louis Braille, propose le premier exposé de sa méthode d’écriture au moyen de points, à l’usage des aveugles. Pianiste, violoncelliste et organiste, il développe sa méthode pour qu’elle puisse également transcrire la musique.