En 1050, les Turcs Seldjoukides prennent le pouvoir. Leurs ennemis, ce sont les chiites, mais c’est aussi le rationalisme. Ils veulent effacer les autres visions de l’islam et créent des institutions du savoir religieux, et non plus du savoir scientifique. On y enseigne le droit musulman, et on assiste, après des siècles de développement scientifique dans tous les domaines, à un basculement total au niveau de la conception du savoir, explique Faouzia Charfi.
"La science ne disparaît pas complètement. Ce qui va rester, c’est la science qui n’interpelle pas, qui ne fait pas appel à toute conception du monde. C’est la science utile : l’astronome lié à la mosquée et le médecin qui travaille à l’hôpital pour soulager les hommes. Il n’y a plus cette conception de la science pour elle-même, comme interrogation, comme ouverture. C’est un dessèchement intellectuel qui commence au niveau de la science."
Aujourd’hui, ce rejet de la modernité par les dirigeants politiques est lié au rejet de la science. Il implique de continuer à faire appel à ces préjugés, à ce référent religieux. Et en rejetant la modernité, on rejette aussi l’Occident.
La création du mouvement des Frères musulmans en 1928 a marqué le 20e siècle. "C’est le rejet de l’Occident mais aussi le rejet de l’héritage universel. Ils dénoncent le Monde occidental d’avoir dû se séparer de la religion pour que la science avance. Pour eux, l’indépendance de la science est une pensée occidentale. D’où la justification du qualificatif occidental appliqué au mot science."